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La lente progression des forces irakiennes à Mossoul-Ouest

Des véhicules militaires irakiens dans Mossoul, en Irak. Les dirigeants irakiens affirment haut et fort que la prise de Mossoul est dans sa dernière phase mais les djihadistes acculés semblent prêts à toutes les violences, y compris contre une population qui vit dans la peur et la faim. /Photo prise le 17 mars 2017/REUTERS/Youssef Boudlal

par John Davison MOSSOUL, Irak (Reuters) - Les forces irakiennes engagées dans la reconquête de Mossoul tentaient vendredi de sécuriser l'une des principales artères de la ville afin d'empêcher les combattants de l'Etat islamique d'avoir recours à leur technique de résistance favorite, les voitures kamikazes, dans la défense désespérée de leur dernier bastion en Irak. Les troupes progouvernementales ont commencé à prendre pied dans la Vieille ville, faite de rues étroites autour de la mosquée Al Nouri, où les djihadistes offrent une résistance acharnée. Selon les estimations de l'armée américaine, environ 2.000 hommes de Daech se trouveraient encore sur place. D'intenses fusillades et des tirs de mortier résonnaient vendredi entre les bâtiments de ce quartier stratégique tandis qu'un hélicoptère d'attaque tirait des roquettes contre les insurgés. "La police fédérale et les forces de réponse rapide contrôlent la mosquée Al Bacha et la rue Al Adala ainsi que le marché Bab al Saray dans la Vieille ville", a déclaré un porte-parole de la police fédérale. "Les forces tentent d'isoler le quartier de la Vieille ville avant d'engager une offensive de tous les côtés." Les forces irakiennes concentrent actuellement leur action sur le contrôle d'une artère partant de la Vieille ville afin d'empêcher les djihadistes de se servir de cet axe routier comme d'une rampe de lancement de véhicules suicide. Mercredi, un kamikaze a précipité un bulldozer contre les lignes des forces irakiennes, détruisant sur son passage des véhicules et des barricades avant de se faire exploser. "Un bulldozer transportant une grande quantité d'explosifs a réussi à atteindre nos troupes près du musée en utilisant les rues de traverse de la Vieille ville. Nous avons perdu un char Abrahams, trois Humvees et quatre soldats", a déclaré un porte-parole des forces de réponse rapide. PÉNURIE ALIMENTAIRE Les dirigeants irakiens affirment haut et fort que la prise de Mossoul est dans sa dernière phase mais les djihadistes acculés semblent prêts à toutes les violences, y compris contre une population qui vit dans la peur et la faim. "Si nous n'étions pas partis ce matin, ils nous auraient tués", a déclaré Hicham Sobhi, un habitant qui a fui avec sa famille la maison qu'ils occupaient dans le sud-ouest de la Vieille ville. "Ils (les djihadistes) quittent certains quartiers, certaines maisons, mais parfois ils reviennent. S'ils trouvent des gens dans des quartiers censés avoir été libérés par l'armée, ils les tuent", explique-t-il. Certaines zones libérées par l'armée demeurent dangereuses à mesure que les soldats continuent de progresser et de déplacer la ligne de front. Les combattants de l'EI mènent des contre-offensives et depuis plusieurs jours, ils tiennent en respect la police fédérale et les forces de réponse rapide. Les troupes d'élite du service du contre-terrorisme (CTS) éprouvent elles aussi des difficultés, ces derniers jours, dans les opérations qu'elles mènent autour de la gare. "Cela s'est transformé en siège. Il n'y a pas de nourriture, pas de médicament et même pas d'hôpital", raconte un autre habitant, Ghassan Thanoun, qui a besoin de soins d'urgence après avoir été blessé par un éclat de roquette lors d'une frappe aérienne. "Cela fait quatre mois que nous n'avons pas mangé de fruits et de légumes. Les enfants demandent un morceau de chocolat mais nous n'avons que des lentilles et même cela commence à manquer", dit un autre habitant qui a choisi de demeurer anonyme. Dans un camp de réfugiés au sud de la ville, une fillette indique les prix de certaines denrées: un dollar pour un oeuf, trois dollars pour une cigarette. Seule consolation, des djihadistes semblent battre en retraite dans certains quartiers pour se réfugier dans d'autres avec leurs familles. Dans la Vieille ville, les habitants eux attendent la fin des combats. (avec Ahmed Rasheed à Bagdad; Pierre Sérisier pour le service français)