La grogne monte chez les habitants de Gaza, privés d'électricité

GAZA (Reuters) - Les habitants de la bande de Gaza n'ont plus depuis des semaines que trois à quatre heures d'électricité par jour, deux fois moins que d'ordinaire, ce qui a provoqué jeudi des heurts avec la police dans le camp de réfugiés de Djabaliya. En temps normal, l'enclave palestinienne bénéficie de huit heures de lumière par jour et les habitants qui en ont les moyens complètent le cycle grâce à des générateurs. Mais la demande a explosé en raison des températures glaciales cet hiver et face à la pénurie d'électricité et à l'explosion du coût des générateurs, nombre de Gazaouis en sont réduits à s'éclairer à la chandelle et à sa chauffer au bois. Le constat est simple : la bande de Gaza qui aurait besoin de 450-500 MegaWatts par jour ne reçoit qu'environ un tiers de ce total, fourni en petite partie (30 MW) par sa seule centrale électrique, vieillissante et endommagée par les bombardements israéliens en 2006, en proportion similaire par l'Egypte et pour les deux tiers restants par Israël (120 W). La responsabilité l'est beaucoup moins. Certains habitants dénoncent l'incurie du Hamas, au pouvoir dans l'enclave et qui n'a même plus les moyens d'acheter du fuel supplémentaire pour augmenter un peu la production de sa centrale électrique ; le mouvement islamiste accuse l'Autorité palestinienne de chercher à saper son autorité ; et d'autres jugent que le premier responsable est le blocus imposé par Israël et l'Egypte. Tous sont d'accord sur une chose : "Si une solution n'est pas rapidement trouvée, la crise va s'aggraver et le nombre d'heures sans électricité va augmenter", résume le porte-parole de la société d'électricité de l'enclave, Tarek Loubbad. Avec un risque réel de voir les boulangeries, magasins ou autres usines dont les factures de fioul ont explosé en raison du recours accru aux générateurs, tourner à leur tour au ralenti. (Nidal al Mughrabi; Tangi Salaün pour le service français)