Athènes présentera mardi sa liste de réformes à l'Eurogroupe

ATHÈNES (Reuters) - La Grèce transmettra finalement mardi matin à l'Eurogroupe des ministres des Finances de la zone euro sa liste de réformes économiques projetées, document indispensable à la prolongation du programme d'aide financière, a déclaré lundi un haut fonctionnaire gouvernemental. Le compromis intervenu vendredi sur la prolongation de quatre mois de l'aide financière prévoyait que ce catalogue de réformes soit communiqué lundi soir mais l'Eurogroupe a donné son accord pour ce report, a indiqué le haut fonctionnaire. "La liste de réformes sera envoyée aux ministres des Finances de l'Eurogroupe mardi matin et une téléconférence aura lieu dans l'après-midi", a-t-il dit, sans donner de motif pour ce retard. La liste, a-t-il ajouté, comprendra des mesures pour lutter contre la "crise humanitaire" de la Grèce, pour régulariser les arriérés fiscaux et prêts insolvables et pour mettre fin aux saisies de logements. Elle comportera aussi des réformes structurelles visant à lutter contre l'évasion fiscale et la corruption, à restructurer le secteur public et à réduire la bureaucratie. "Nous discutons avec nos partenaires pour faire en sorte que cette liste soit acceptée", avait déclaré un peu auparavant Gabriel Sakellaridis, le porte-parole du gouvernement, qui s'exprimait sur l'antenne de la chaîne de télévision Skai. En vertu du compromis passé vendredi et qui écarte à brève échéance un risque de cessation de paiement, la Grèce doit soumettre à l'Eurogroupe une lettre d'engagement contenant la liste des mesures que le gouvernement Tsipras prévoit de prendre durant cette prolongation du plan de sauvetage international. L'Allemagne, principale contributrice aux deux plans d'aide accordés à la Grèce d'un montant cumulé de 240 milliards d'euros, a prévenu que toute dépense supplémentaire qui figurerait sur la liste dressée par Athènes devra être compensée par des économies ou par une hausse des impôts. CONDITIONS DIFFICILES L'accord conclu par la Grèce place aussi son Premier ministre Alexis Tsipras dans une situation délicate vis-à-vis de son électorat car le chef de file du parti de gauche anti-austérité Syriza avait promis de mettre fin à la coopération avec la "troïka", le trio réunissant Union européenne (UE), Banque centrale européenne (BCE) et Fonds monétaire international (FMI), honni d'une bonne part des Grecs. "Remplacer l'expression 'troïka' par 'institutions', le plan d'aide par 'accord' et les créanciers par 'partenaires' ne change rien à la situation", a écrit sur son blogue Manolis Glezos, député européen de Syriza. "Je présente mes excuses au peuple grec parce que j'ai pris part à cette mascarade", poursuit-il. Parallèlement, Athènes négocie dans des conditions de plus en plus difficiles comme en témoigne la nouvelle accélération des retraits bancaires, tandis que les banques étrangères tendent elles à réduire de façon marquée leur exposition à la Grèce. Selon les estimations de la banque d'affaires JP Morgan, ces retraits ont atteint la semaine dernière environ trois milliards d'euros ce qui représente un bond de 50% par rapport à la semaine précédente, et donc, selon JP Morgan, que les banques grecques risquent de se retrouver encore plus rapidement que prévu à court de liquidités, au bout de huit semaines au lieu de 14. Les responsables grecs travaillent sur la liste depuis samedi matin et prévoient de présenter une liste restreinte d'engagements dans les domaines de la fraude fiscale, de la corruption et de la fonction publique. Il n'y aura pas de chiffres ni l'objectifs précis liés à ces engagements mais Athènes a d'ores et déjà promis de ne prendre aucune mesure susceptible de remettre en cause ses objectifs budgétaires. "La balle est dans le camp du gouvernement grec", a déclaré le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier. "Si Athènes veut modifier certains points, pourquoi pas ? Mais si ces modifications devaient entraîner de nouvelles dépenses, ils devront réaliser des économies quelque part ou trouver le moyen d'augmenter leurs revenus." Il a souligné que l'accord conclu la semaine dernière ne prolonge le programme d'aide que jusqu'au début de l'été. "L'Europe a la possibilité de reprendre sa respiration, c'est tout, ce n'est pas une solution", a-t-il déclaré au Bild. (Angeliki Koutantou, Renee Maltezou et Karolina Tagaris, Marc Angrand, Henri-Pierre André, Wilfrid Exbrayat et Nicolas Delame pour le service français)