Les Grecs bientôt aux urnes après l'échec de la présidentielle

Stavros Dimas n'a pas recueilli assez de voix au Parlement pour être élu président en Grèce, lundi, ce qui va contraindre le Premier ministre Antonis Samaras (photo) à convoquer des élections législatives anticipées, qu'il souhaite voir se tenir le 25 janvier. /Photo prise le 29 décembre 2014/REUTERS/Yannis Behrakis

par Renee Maltezou et Lefteris Papadimas ATHENES (Reuters) - La Grèce se prépare à des élections législatives anticipées le mois prochain après le refus lundi des députés d'élire Stavros Dimas, soutenu par le Premier ministre Antonis Samaras, à la présidence de la République. Quelques minutes après le troisième et dernier tour de scrutin au Parlement, le chef du gouvernement a annoncé son intention de convoquer des élections législatives anticipées le 25 janvier. Stavros Dimas, l'ancien commissaire européen candidat de la coalition gouvernementale, a recueilli 168 voix lundi, un résultat inchangé par rapport au deuxième tour; il lui en fallait 180 pour devenir chef de l'Etat. La Constitution prévoit dans un tel cas la dissolution du Parlement dans un délai de dix jours et la convocation d'élections législatives. Le parti de la gauche radicale Syriza, qui veut renégocier les conditions de l'aide financière internationale accordée à la Grèce par l'UE et le Fonds monétaire international (FMI), est en tête dans les intentions de vote avec, selon un sondage Alco publié samedi, 28,3% contre 25% pour Nouvelle démocratie, le mouvement de centre-droit d'Antonis Samaras. Ce dernier s'est dit confiant dans la victoire de son parti, a ajouté qu'il ne permettrait "à personne" de remettre en cause la place de la Grèce au sein de l'Union européenne. "Il est temps pour les Grecs de faire ce que le Parlement n'a pas fait: mettre fin à l'incertitude et restaurer la stabilité", a-t-il dit dans une déclaration télévisée. De son côté, Alexis Tsipras, le chef de file de Syriza, a promis que "les plans de sauvetage liés à l'austérité relèveront bientôt du passé". LA BOURSE D'ATHÈNES A PERDU JUSQU'À 11% Le résultat du scrutin présidentiel ouvre donc une nouvelle période d'incertitude politique dans un pays qui vient de renouer avec la croissance économique après plus de cinq ans d'une crise économique profonde. Les sondages suggèrent que le parti qui remportera les législatives, quel qu'il soit, aura du mal à former une majorité viable et un gouvernement, ce qui pourrait empêcher le déblocage de plus de sept milliards d'euros d'aides financières. Les inspecteurs de l'UE et du FMI, initialement censés revenir à Athènes en janvier pour dresser un bilan des réformes engagées, attendront en fait qu'un nouveau gouvernement soit installé, a déclaré le FMI, ajoutant que la Grèce n'avait aucun besoin de financement dans l'immédiat. Le ministre grec des Finances, Gikas Hardouvelis, a expliqué pour sa part que le futur gouvernement devrait demander une prolongation du programme d'assistance financière au-delà de l'échéance fixée à la fin février. Cela pourrait contraindre le Trésor à augmenter ses émissions de billets de trésorerie pour couvrir ses besoins de financement en mars, a-t-il ajouté. Signe de la fébrilité des investisseurs, la Bourse d'Athènes a perdu jusqu'à 11% juste après le résultat du scrutin mais limitait son repli à 3,91% en fin de séance. Les rendements des obligations grecques à dix ans sont remontés à plus de 9,6% tandis que ceux des titres à trois ans dépassaient 12%. Sur le marché des "credit default swaps" (CDS), le coût d'une garantie contre un risque de défaut d'Athènes était en forte hausse. BERLIN MET EN GARDE ATHÈNES "Aucune décision économique majeure ne peut être prise avant la formation d'un nouveau gouvernement et cela se reflète sur les marchés aujourd'hui", a déclaré Theodore Krintas, responsable de la gestion de patrimoine chez Attica Bank, à Athènes. La réaction des autres places boursières européennes a toutefois été bien moins marquée que celle d'Athènes, signe que les investisseurs jugent le risque de contagion au reste de la zone euro limité, voire nul. La Bourse de Paris a ainsi fini en hausse de 0,51%, celle de Francfort quasiment inchangée. Cherchant à rassurer les bailleurs de fonds internationaux, Alexis Tsipras a adopté un ton plus modéré ces dernières semaines, promettant de maintenir la Grèce dans la zone euro et de négocier la fin de l'accord de sauvetage plutôt que de l'abandonner unilatéralement. Il a cependant réaffirme vouloir revenir sur de nombreuses mesures d'austérité imposées pendant la crise. Il souhaite notamment annuler la baisse du salaire minimum, mettre fin aux licenciements dans le secteur public et interrompre les privatisations. Tandis que le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Pierre Moscovici, appelait les électeurs grecs à réaffirmer lors des législatives "un engagement fort envers l'Europe", le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a jugé qu'Athènes devait tenir ses promesses. "Nous continuerons d'aider la Grèce à s'aider elle-même sur le chemin des réformes. Si la Grèce prend un autre chemin, il sera difficile", a-t-il dit. (avec Angeliki Koutantou, George Georgiopoulos; Henri-Pierre André, Tangi Salaün et Claude Chendjou pour le service français, édité par Marc Angrand; Tangi Salaün pour le service français, édité par Marc Angrand)