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La Grèce au menu d'un dîner Hollande-Merkel à Strasbourg

François Hollande et Angela Merkel tenteront ce vendredi à Strasbourg de trouver une position commune sur la Grèce, dont le nouveau Premier ministre, Alexis Tsipras, veut alléger le fardeau de la dette en renégociant les termes du plan de soutien international. /Photo prise le 26 juin 2014/REUTERS/François Lenoir

par Julien Ponthus et Gilbert Reilhac PARIS/STRASBOURG (Reuters) - François Hollande et Angela Merkel tenteront ce vendredi de trouver une position commune sur la Grèce, dont le nouveau Premier ministre, Alexis Tsipras, veut alléger le fardeau de la dette en renégociant les termes du plan de soutien international. Autant le programme du parti de gauche radicale Syriza, qui a promis aux Grecs d'en finir avec l'austérité, est accueilli en France avec bienveillance par une partie de la classe politique, autant il est perçu avec méfiance de l'autre côté du Rhin. Le président et la chancelière se retrouvent pour un dîner informel à Strasbourg, organisé par le président du Parlement européen, Martin Schulz. La rencontre, prévue le 11 janvier, avait été reportée en raison de la marche pour les victimes des attentats en France. "Toutes les parties sont convenues de ne faire aucune déclaration à l'issue de la rencontre", a dit à Reuters un porte-parole du Parlement européen. La visite d'Alexis Tsipras, sitôt sa désignation comme Premier ministre, au mémorial de Kaisariani, lieu de souvenir de la résistance grecque contre les nazis, a été interprétée comme un signe d'hostilité à Berlin où l'on redoute par ailleurs un rapprochement de la Grèce et de la Russie sur la question ukrainienne. Le gouvernement allemand a mis en garde Alexis Tsipras, qui a déjà annulé des privatisations prévues par le gouvernement précédent, contre sa volonté de revenir sur les mesures d'austérité mises en oeuvre depuis 2010 en échange d'une aide financière internationale. "Si la Grèce veut dévier de ces mesures, elle doit en supporter le coût elle-même plutôt que de l'exporter à d'autres pays européens via un 'haircut' (abandon partiel de dette) ou d'autres idées équivalentes", a déclaré le vice chancelier social-démocrate allemand Sigmar Gabriel. Le président de l'Eurogroupe, le groupe des ministres des Finances de la zone euro, Jeroen Dijsselbloem, a déclaré que le nouveau gouvernement grec risquait de compromettre la reprise économique dans son pays s'il s'en tenait aux promesses faites pendant la campagne électorale. A Paris, on veut croire qu'Allemagne et France ne sont en aucun cas opposées sur ce dossier et que François Hollande et Angela Merkel pourront trouver une position commune. "JOUER LES RÈGLES DU JEU EUROPÉEN" Plusieurs responsables n'ont pas caché que la France souhaitait faire le lien entre le nouveau pouvoir grec et les autorités européennes. Le ministre des Finances grec, Yanis Varoufakis, sera reçu lundi à Paris par son homologue Michel Sapin et François Hollande doit rencontrer Alexis Tsipras avant le 12 février. Des analystes politiques estiment que le président français tient, avec la victoire de la gauche radicale aux législatives grecques, une occasion de se mettre au centre du jeu européen pour faire avancer sa promesse de réorienter l'Europe vers plus de croissance. Comme le président social-démocrate allemand du Parlement européen, Martin Schulz, qui juge possible de trouver "un chemin commun" avec la Grèce, la diplomatie française affiche une relative confiance sur les projets d'Alexis Tsipras. "Dès lors qu'il a dit qu'il voulait jouer les règles du jeu européen, les Européens doivent montrer qu'il y a une discussion possible", dit-on de source diplomatique française. La France a assuré qu'elle était prête à voir le poids de la dette allégé, en révisant ses termes, mais elle exclut tout abandon de créances. La dette grecque, qui dépasse 320 milliards d'euros, soit 175% du produit intérieur brut (PIB), est détenue en majeure partie par les autres Etats de la zone euro et la Banque centrale européenne (BCE) depuis sa restructuration en 2012. François Hollande et Angela Merkel devraient aussi discuter du plan de relance proposé par le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, qui souhaite lancer 315 milliards d'euros d'investissements sur la période 2015-2017. Ce plan, qui s'appuie essentiellement sur des fonds privés, avec 21 milliards d'euros d'argent public, doit encore être amélioré, a répété jeudi le ministre français de l'Economie, Emmanuel Macron. En Allemagne, on redoute de voir des Etats membres s'endetter pour le rendre plus ambitieux. (édité par Jean-Baptiste Vey)