La frontière irlandaise ne doit pas empêcher un accord, dit May

La Grande-Bretagne et l'Union européenne ne doivent pas laisser leur désaccord sur la frontière irlandaise les exposer à un échec des négociations sur les conditions de leur divorce, a déclaré lundi Theresa May. /Photo prise le 15 octobre 2018/REUTERS/Peter Nicholls

LONDRES (Reuters) - La Grande-Bretagne et l'Union européenne ne doivent pas laisser leur désaccord sur la frontière irlandaise les exposer à un échec des négociations sur les conditions de leur divorce, a déclaré lundi Theresa May.

"Nous ne pouvons pas laisser ce désaccord faire dérailler un bon accord et nous laisser face à une absence d'accord dont personne ne veut", a déclaré la Première ministre, qui s'exprimait à la Chambre des communes avant un Conseil européen essentiel qui s'ouvrira mercredi soir à Bruxelles.

Elle a souligné qu'elle pensait un accord possible malgré les difficultés.

Au terme de nouvelles négociations-marathon organisées dimanche, la Grande-Bretagne et l'UE ne sont pas parvenues à s'entendre sur la question de la frontière entre la République d'Irlande et l'Irlande du Nord.

Les deux parties ont même souhaité marquer une pause dans les négociations, jusqu'au sommet de mercredi.

"Il est frustrant de voir que presque tous les points de désaccord qui restent se focalisent sur la manière de gérer un scénario que les deux parties espèrent ne voir jamais se produire et qui, s'il se produit, ne sera que provisoire", a souligné Theresa May.

Elle a expliqué que, lors des discussions de dimanche, l'UE a répété sa proposition de maintenir l'Irlande du Nord dans l'union douanière au cas où un projet concernant l'ensemble du Royaume-Uni ne serait pas prêt à l'issue de la "période de transition", fin 2020.

Pour la Première ministre, toute solution qui prévoit une différence de traitement entre l'Irlande du Nord et le reste du Royaume-Uni est inacceptable.

NE PAS SÉPARER L'IRLANDE DU NORD DU RESTE DU PAYS

"Comme je l'ai dit à de nombreuses reprises, je ne pourrai jamais accepter cela, aussi improbable que ce scénario puisse être", a-t-elle martelé. "Il faut donc, en premier lieu, que nous n'ayons pas à mettre en oeuvre la clause de sauvegarde ("backstop")".

"Je veux pouvoir regarder les Britanniques dans les yeux et leur dire que ce 'backstop' est une solution provisoire", a ajouté Theresa May. "C'est l'instant où le sang-froid et le calme doivent s'imposer."

Les "eurosceptiques" du Parti conservateur craignent qu'un "backstop" maintienne indéfiniment le Royaume-Uni au sein de l'union douanière européenne.

Quant aux unionistes nord-irlandais du DUP, dont le soutien est indispensable à Theresa May au Parlement, il est pour eux inacceptable de séparer de quelque manière que ce soit leur province du reste du Royaume-Uni.

Lundi matin, le ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Coveney, a estimé qu'un accord sur le Brexit restait possible mais que cela prendrait plus de temps qu'espéré.

La frontière entre la République d'Irlande et la province britannique d'Irlande du Nord deviendra au lendemain du Brexit la seule frontière terrestre entre le Royaume-Uni et l'UE.

Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a rappelé que les Vingt-Sept se préparaient à une absence d'accord avec les Britanniques bien qu'"en aucune circonstance cela ne doit nous dissuader de faire tous les efforts pour parvenir au meilleur accord possible".

Dans un courrier d'invitation pour le Conseil européen prévu cette semaine, Donald Tusk a convié Theresa May à venir s'adresser aux autres dirigeants de l'Union européenne mercredi soir.

Bruxelles comme Londres sont convenus d'éviter le retour d'une "frontière physique" afin de préserver les accords de paix d'avril 1998 qui ont mis fin à trente années de violences en Ulster. Ils se heurtent toutefois aux modalités qui permettront de remplir cet objectif.

Le "backstop" est censé préserver précisément la frontière ouverte même si Londres et Bruxelles ne parviennent pas à s'entendre sur leurs relations futures.

(Elizabeth Piper, Kylie MacLellan et William James, avec Amanda Ferguson, Gabriela Baczynska, Francesco Guarascio, Alastair Macdonald et Michelle Martin; Henri-Pierre André, Jean-Philippe Lefief et Guy Kerivel pour le service français)