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La France se prépare à accueillir des milliers de réfugiés

PARIS (Reuters) - La France pourrait devoir accueillir environ 27.000 réfugiés si la proposition du président de la Commission européenne de revoir à la hausse le nombre de demandeurs d'asile à répartir dans l'Union sur la base de quotas nationaux est entérinée. Le Parti socialiste, suivi par de nombreux maires PS, mobilise tout son appareil en faveur du soutien aux réfugiés face à une droite divisée sur ce dossier. Il organisera mardi un meeting au Cirque d'Hiver à Paris sur le thème : "L'accueil des réfugiés, pour nous, c'est oui !" Cependant, malgré l’indignation générale après la mort d'un enfant syrien sur une plage de Bodrum, en Turquie, une majorité de Français restent réfractaires à l’accueil des réfugiés sur leur sol. Ils sont 52% à ne pas souhaiter l’accueil de nouveaux réfugiés contre 46% à soutenir la position du gouvernement, selon un sondage Odoxa pour Paris Match et iTélé réalisé le 3 et 4 septembre. Dans le même temps, 82% des sondés estiment que le gouvernement n'est pas à la hauteur et même les sympathisants de gauche sont critiques. Jean-Claude Juncker proposera le 9 septembre de porter de 40.000 à 160.000 le nombre de migrants arrivés en Italie, en Grèce et en Hongrie à diriger vers les autres pays de l'UE, a annoncé vendredi une porte-parole de l'exécutif bruxellois. En mai, Bruxelles avait prôné la prise en charge par l'ensemble des Etats membres de 40.000 de ces demandeurs d'asile sur la base de quotas contraignants baptisés "clés de répartition", mais le principe avait été rejeté en juin. La France était alors censée accueillir 6.750 candidats et un quadruplement selon les mêmes critères obligerait la France à prendre en charge 27.000 réfugiés arrivés en Italie et en Grèce en plus de ceux qu'elle accepte directement sur son sol. Paris et Berlin, qui ne voulaient pas aller au-delà d'un dispositif volontaire, se sont ralliés jeudi à l'idée d'un mécanisme européen de répartition contraignant après plusieurs drames, dont la découverte du cadavre d'un garçonnet syrien sur une plage turque. Même si le système d'accueil des demandeurs d'asile n'est pas saturé à ce jour, "il faut identifier nos capacités d'accueil et commencer à se préparer", explique-t-on de source gouvernementale française. TAUX D'ADMISSION DE 15 A 30% Le dispositif d'accueil des demandeurs d'asile compte un peu plus de 25.000 places mais le gouvernement a annoncé au début de l'été la création de 9.500 places d'hébergement supplémentaires. A l'inverse de pays comme l'Allemagne, les demandes d'asile sont restées stables en France, avait indiqué au début de l'été le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve. En 2014, le nombre d'accords sur un statut de protection pris par l'OFPRA et la Cour nationale du droit d'asile s’établissait à 14.589, en hausse de 27,7% par rapport à 2013. Mais le nombre de demandes a légèrement diminué, passant de 66.251 en 2013 à 64.536 en 2014. Bien après l'Allemagne, les initiatives en faveur des réfugiés commencent à se développer en France, où la quasi-totalité des journaux n'avaient pas publié jeudi la photo de l'enfant syrien de trois ans retrouvé mort. Dans un appel intitulé "Nous sommes prêts à accueillir" à l'initiative de Christophe Borgel, député socialiste de Haute-Garonne, onze maires du département ont affirmé leur volonté de "réagir en êtres humains, en républicains". ELUS SOCIALISTES A L'INITIATIVE Le maire (PS) de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) a annoncé dans un communiqué une "mobilisation" de sa ville, qui a connu les bombardements de la Seconde Guerre mondiale. Sur son blog, la députée PS Michèle Delaunay, ancienne ministre déléguée aux personnes âgées dans le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, a appelé tous ceux qui veulent aider les réfugiés à prendre contact avec elle pour s'organiser. En revanche, le président de l'Association des maires de France, François Baroin (Les Républicains), a estimé que la France n'était pas en situation d'accueillir "durablement" des réfugiés et qu'il n'en abriterait pas dans sa ville de Troyes. Face à l’afflux de réfugiés en France, l'association Singa a lancé l’initiative CALM (Comme A La Maison), un site internet permettant à des familles d’héberger des demandeurs d'asile. Elle a reçu à ce jour 500 offres d'hébergement. Une page événement Facebook "Pas en notre nom" a été créée, appelant à un "Rassemblement citoyen en solidarité avec les migrants" samedi après-midi place de la République, à Paris. D'autres initiatives sont prévues en province. (Gérard Bon, avec Service France)