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La France dénonce l'"obstruction irresponsable" de Damas

PARIS (Reuters) - La France a dénoncé vendredi la "stratégie d'obstruction irresponsable" du régime de Damas, l'accusant de torpiller les efforts de paix depuis le début du conflit syrien en 2011 et de mener des "crimes de masse" dans la Ghouta orientale.

Une huitième série de pourparlers entre l'opposition syrienne et les représentants de Bachar al Assad s'est achevée jeudi à Genève sur un constat d'échec. L'émissaire de l'Onu pour la Syrie, Staffan de Mistura, a déploré une "occasion ratée" et reproché à la délégation du gouvernement de n'avoir parlé que de lutte antiterroriste.

"Nous déplorons l’attitude du régime syrien, qui a refusé de s’engager dans la discussion depuis le 28 novembre. Il s’agit d’une stratégie d’obstruction irresponsable par rapport à l’ampleur des enjeux auxquels est confrontée la Syrie", a réagi le porte-parole adjoint du ministère français des Affaires étrangères.

La France relève à l'inverse "l’attitude constructive de l’opposition syrienne", a ajouté Alexandre Georgini.

Pour la première fois depuis le début des négociations en 2016 sous l'égide des Nations unies, l'opposition s'est présentée unie à Genève, évoquant au nombre des dossiers sur la table la rédaction d'une Constitution et la tenue d'élections. L'Onu réfléchit à de prochains pourparlers en janvier.

Pour Paris, "il n'y a pas d'alternative à une solution politique négociée" sur la base de la résolution 2254 de l'Onu pour "une transition politique conduite et prise en main par les Syriens et visant à mettre fin au conflit syrien".

"Le régime d'Assad n'est entré dans aucune négociation depuis le début de la guerre civile. Il ne cherche qu'à éradiquer ses ennemis, pas à trouver un compromis politique" a réagi en anglais sur Twitter l'ambassadeur de France aux Etats-Unis, Gérard Araud, voix "abrasive" de la diplomatie française.

"CRIMES DE MASSE" DANS LA GHOUTA ORIENTALE

Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, a pressé mardi la Russie et l'Iran de "mettre leur poids" dans la balance afin d'aboutir à un règlement politique avec les autres membres du Conseil de sécurité de l'Onu.

La Russie et l'Iran, alliés de Damas, sont parties prenantes avec la Turquie, soutien des rebelles syriens, des négociations d'Astana lancées en 2017 qui ont abouti à la mise en place de quatre zones de "désescalade" en Syrie, et auxquelles Moscou, désormais maître du jeu avec Téhéran, souhaiterait conférer une vocation politique avec la légitimation, à terme, de l'Onu.

Un "congrès pour le dialogue national syrien" est prévu en Russie en janvier-février 2018.

Les zones théoriques de désescalade, dont les contours restent flous, se situent dans les régions d'Idleb (nord-ouest), Homs (centre), dans la Ghouta orientale, enclave rebelle aux portes de Damas assiégée depuis 2013, ainsi que dans le sud du pays.

Les forces pro-gouvernementales, appuyées par l'aviation russe, ont intensifié leurs bombardements contre la Ghouta orientale où quelque 400.000 civils sont pris au piège.

"En violation des engagements qu’il y a pris, le régime syrien (...) bloque l’accès à l’aide humanitaire pour les 400.000 habitants de la région et refuse l’évacuation médicale d’urgence de près de 500 civils, dont 137 enfants", a déclaré vendredi le ministère français des Affaires étrangères, qui durcit le ton :

"En refusant l’accès humanitaire, le régime de Damas se rend responsable de crimes de masse, en particulier à travers l’utilisation du siège comme arme de guerre".

Les autorités françaises, une nouvelle fois, exhortent Moscou et Téhéran à "prendre leurs dispositions" pour faire cesser les pilonnages syriens.

(Sophie Louet, édité par Yves Clarisse)