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La France bloque l'élargissement de l'UE dans les Balkans

Le drapeau de la Macédoine du Nord, ne flottera pas à Bruxelles. La France s'est opposée à l'ouverture des discussions en vue d'une adhésion à l'Union européenne. À l'issue du Conseil européen, la pilule est difficile à avaler pour Skopje. " Malheureusement, le Conseil n'a pas répondu à nos attentes légitimes et n'a certainement pas suivi les annonces précédentes de l'UE elle-même " a déclaré le président nord-macédonien Stevo Pendarovski. " Il est clair qu’en ce moment, nous éprouvons un sentiment de déception, mais nous devons mettre nos émotions de côté et faire face à la nouvelle réalité avec tempérance" indique-t-il. Une "erreur historique" Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, s'est montré sévère en dénonçant "une lourde erreur historique". "Pour être crédible, l'Union européenne doit respecter ses engagements", a-t-il souligné. "Nous avons fait des promesses à ces pays", a renchéri le président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk, soulignant qu'une "écrasante majorité des Etats membres était favorable" à l'ouverture des négociations avec les deux candidats, qui requiert l'unanimité des Etats membres. Le Premier ministre tchèque Andrej Babis s'est montré encore plus sévère, pointant "un impact négatif pour toute la région (l'ouest des Balkans) et pour la crédibilité de l'UE". "Lorsque nous promettons quelque chose et donnons de l'espoir, nous devrions tenir cette promesse. (...) Aucun pays n'a fait autant pour entrer dans l'UE que la Macédoine du Nord - ils ont changé leur nom, leur constitution, organisé un référendum. Je pense que tout ça est très mauvais." Le fonctionnement de l'UE en question ? Le chef de l'Etat français a justifié son opposition par la nécessité de réformer le fonctionnement de l'UE avant de s'ouvrir à de nouveaux membres. "Avant tout élargissement, sachons nous réformer", a-t-il dit lors de sa conférence de presse. "Tous les progrès réclamés (aux deux candidats) n'étaient pas là", a-t-il jugé. Pour Emmanuel Macron, il est également prioritaire de réformer le processus d'élargissement, qui "n'est plus adapté", "trop bureaucratique", et "ne parle plus aux peuples". Plusieurs diplomates ont estimé que le blocage français s'expliquait par des raisons de politique interne, liées aux questions d'immigration, avec la crainte d'un afflux en cas d'une plus grande ouverture des frontières. Les détracteurs de l'actuel processus d'élargissement craignent aussi que se répètent les problèmes liés à la corruption et à l'indépendance de la justice que connaissent la Roumanie et la Bulgarie, qui ont adhéré en 2007. L'Albanie souhaite également intégrer l'UE L'Albanie a également manifesté son intention d'intégrer l'Union européenne. Sur ce point, Emmanuel Macron s'est interrogé: "Comment voulez-vous que j'explique à mes concitoyens que le deuxième pays qui demande le plus l'asile (politique) en France, ce sont des gens qui viennent de l'Albanie?" A Tirana, le journal Tema a estimé que l'intérêt du président français était "de gagner en popularité en étant le président qui n'a pas permis l'élargissement et a fait des Albanais le symbole des migrants face aux xénophobes de Marine Le Pen", la cheffe de l'extrême droite française. De son côté, le Premier ministre albanais Edi Rama a semblé vouloir apaiser les tensions, estimant que "ce n'est pas une décision contre l'Albanie". "Ne soyons pas pessimistes", a-t-il ajouté, soulignant que "les Etats membres ont reconnu les progrès de l'Albanie, mais tout ceci est le résultat des problèmes internes de l'UE". Les partisans d'une adhésion de ces pays soutiennent, en revanche, que le refus de nouveaux membres risque de les pousser dans les bras de la Turquie, de la Chine et de la Russie, déjà très actives dans les Balkans. "Tout le monde admet que la Macédoine du Nord a fait beaucoup: elle a changé le nom du pays (afin de régler son différend avec la Grèce), elle a changé sa constitution et a tout fait pour être invitée", a souligné le président lituanien Gitanas Nauseda. Le dossier sera à nouveau évoqué au printemps 2020 lors du prochain sommet UE-Balkans à Zagreb. La Croatie, prochaine présidente de l'UE, compte faire de l'élargissement l'une de ses priorités.