La France alloue une aide militaire de 14 millions d'euros au Liban

La France a annoncé jeudi une aide militaire de 14 millions d'euros en faveur du Liban avec l'objectif d'aider à la stabilisation du pays face au conflit syrien et à l'aggravation des tensions au Moyen-Orient. /Photo d'archives/REUTERS/Khaled al-Hariri

PARIS (Reuters) - La France a annoncé jeudi une aide militaire de 14 millions d'euros en faveur du Liban avec l'objectif d'aider à la stabilisation du pays face au conflit syrien et à l'aggravation des tensions au Moyen-Orient.

Lors d'une entrevue à Paris, la ministre des Armées Florence Parly a confirmé à son homologue libanais Yacoub Sarraf la cession de 100 missiles Hot, d'un simulateur, de maquettes d'entraînement et de lots de pièces de rechanges et d'outillage, précise le ministère dans un communiqué.

Des équipements seront également fournis aux tireurs d'élite, troupes de montagne et force d'intervention libanais. Une formation à la lutte contre les engins explosifs improvisés (IED) sera également dispensée.

Cette aide représente un coût total de 14 millions d'euros, indique-t-on au ministère.

Le Liban, théâtre des luttes d'influence des grandes puissances régionales, s'emploie à consolider ses institutions et son économie après l'électrochoc de la crise de novembre dernier, lorsque le Premier ministre Saad Hariri a démissionné contre toute attente face aux visées déstabilisatrices de l'Arabie saoudite sunnite et de l'Iran chiite.

Des élections législatives s'y déroulent le 6 mai, neuf ans après le dernier scrutin en date.

Trois conférences internationales sont prévues pour accompagner le processus de redressement du pays : le 15 mars à Rome au profit des forces de sécurité libanaises, le 6 avril à Paris pour la mise en place d'un plan d'investissements et le 25 avril à Bruxelles pour faire face à la crise des réfugiés.

Dans un pays au fragile équilibre communautaire, déstabilisé en outre par la présence de quelque 1,5 million de réfugiés syriens, la France "veut mettre le paquet" pour "renforcer la capacité autonome de l'armée libanaise". "C'est important pour renforcer la stabilité du pays", souligne-t-on dans l'entourage de Florence Parly.

RISQUES DE POLARISATION DJIHADISTE

"L'armée est l'institution multiconfessionnelle du Liban et suscite une forte adhésion et un fort consensus dans le pays", explique-t-on.

Les enjeux de sécurité priment, avec le risque d'une polarisation djihadiste dans certaines zones du pays, notamment à Tripoli, note-t-on au ministère.

"Il y a un risque possible que Daech essaye de trouver de nouvelles cibles, de nouvelles causes. (...) Il y a un risque d'instrumentalisation de la communauté sunnite et en particulier des réfugiés sunnites", avance-t-on.

Lors d'une réunion à Paris en décembre dernier sous l'égide d'Emmanuel Macron, le groupe international de soutien au Liban avait exhorté "toutes" les parties libanaises à se conformer à la politique nationale de dissociation et de non ingérence dans les conflits extérieurs.

Une invite limpide au Hezbollah, poids lourd de la politique libanaise considéré comme le vecteur d'expansion de l'Iran dans la région, soutien des forces gouvernementales en Syrie et des rebelles houthis au Yémen.

"Plus l'Etat libanais sera fort, plus l'armée sera forte, moins les discours qui leur font concurrence auront de crédit", déclare le nouvel ambassadeur de France au Liban dans un entretien publié mardi dans L'Orient-Le Jour.

L'Iran, poursuit Bruno Foucher, "conduit une politique régionale qui profite du vide laissé par les autres".

"La politique que nous conduisons au Liban, le fait que nous souhaitons renforcer l'armée et les FSI, que les institutions fonctionnent normalement, que la croissance économique soit relancée, c'est précisément pour ne pas laisser ce vide à d'autres influences", souligne-t-il, tout en invitant l'Arabie saoudite à ne pas délaisser le pays.

(Sophie Louet, édité par Yves Clarisse)