La foule se presse à l'église méthodiste de Charleston

Quatre cents personnes se sont rassemblées dimanche à l'Emanuel African Methodist Church de Charleston à l'occasion de la réouverture de cette église afro-américaine où neuf fidèles ont été tués quatre jours plus tôt par un jeune blanc. /Photo prise le 21 juin 2015/REUTERS/Brian Snyder

par Edward McAllister, Luciana Lopez et Alana Wise CHARLESTON, Caroline du Sud (Reuters) - Quatre cents personnes se sont rassemblées dimanche à l'Emanuel African Methodist Church de Charleston à l'occasion de la réouverture de cette église afro-américaine où neuf fidèles ont été tués quatre jours plus tôt par un jeune blanc. Beaucoup d'autres venues exprimer leur solidarité aux familles des victimes ont dû rester à l'extérieur. Un important dispositif policier avait été déployé pour l'occasion. Devant l'église, le trottoir était jonché de bouquets de fleurs, de peluches et de ballons déposés à la mémoire des victimes. Des milliers de messages ont en outre été rédigés sur des panneaux disposés à l'entrée. "Merci, révérend Clementa Pinckney. Vous resterez toujours une source d'inspiration", dit l'un d'eux adressé au pasteur qui fait partie des victimes. C'est dans cette église, la plus vieille congrégation afro-américaine du Sud fondée au début du XIXe siècle, que Dylann Roof, un jeune Blanc de 21 ans, a passé une heure au milieu des fidèles mercredi soir avant d'ouvrir le feu sur eux. Arrêté jeudi, le jeune homme a comparu le lendemain devant un juge qui lui a signifié son maintien en détention. Il est passible de la peine de mort. Un manifeste raciste et des photos qui le montrent posant avec une arme ou devant un musée consacré aux forces sudistes de la guerre de Sécession, ont été découverts samedi sur un site internet. Des vérifications sont en cours pour déterminer s'il en est bien l'auteur. "Je n'ai pas le choix (...) J'ai choisi Charleston parce que c'est la ville la plus historique de mon Etat et qu'elle a eu à une époque le plus fort taux de noirs par rapport aux blancs du pays. (...) Quelqu'un doit avoir le courage de le faire savoir au monde et je crois que ce doit être moi", peut-on y lire. "On nous dit d'accepter ce qui nous arrive à cause des erreurs de nos ancêtres, mais tout est fondé sur des mensonges historiques, des exagérations et des mythes", ajoute l'auteur. OBAMA DÉNONCE LE POUVOIR DE LA NRA Les photos montrent un pistolet de calibre 45, le type d'arme utilisé lors de la tuerie de l'Emanuel African Methodist Church. On y voit également Dylann Roof une arme dans une main et un petit drapeau confédéré dans l'autre, ou accroupi sur une plage, entouré de symboles racistes tracés sur le sable. Charles Cotton, membre de la National Rifle Association (NRA), le lobby américain des armes à feu, a soulevé une vague d'indignation sur les réseaux sociaux en reprochant au pasteur de l'église où le drame s'est produit de s'être opposé au port d'armes dans les lieux de culte. "L'emprise extrêmement forte" de la NRA sur le Congrès des Etats-Unis empêchera longtemps tout contrôle plus strict des ventes d'armes, regrette Barack Obama dans une interview postée samedi sur le site du New York Times. "Je ne pense pas que le Congrès entreprendra une quelconque action législative. Et je crois qu'aucune action véritable ne sera jamais entreprise tant que l'opinion publique américaine ne ressentira pas un sentiment d'urgence suffisant pour se dire: 'Ce n'est pas normal, c'est quelque chose qu'il faut changer, et on va le changer'", ajoute-t-il. Le président des Etats-Unis avait déjà tenté en vain d'imposer une réforme de la législation sur les ventes d'armes après la fusillade de l'école Sandy Hook de Newtown, dans le Connecticut, qui a fait 26 morts dont 20 enfants en décembre 2012. (Jean-Stéphane Brosse et Jean-Philippe Lefief pour le service français)