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La Fed et le Brexit incitent les marchés à la prudence

par Marc Angrand

PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont terminé en ordre dispersé lundi une séance marquée tout à la fois par la prudence à deux jours des décisions de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine et par une actualité nourrie sur le front des fusions-acquisitions.

À Paris, le CAC 40 a clôturé sur un gain de 0,14% (7,51 points) à 5.412,83 points, enregistrant une sixième séance positive d'affilée. A Londres, le FTSE 100 a gagné 0,98% avec la baisse de la livre sterling et la hausse des matières premières mais à Francfort, le Dax a reculé de 0,25%.

L'indice EuroStoxx 50 a pris 0,05%, le FTSEurofirst 300 0,22% et le Stoxx 600 0,27%.

Le FOMC, le comité de politique monétaire de la Fed, se réunit mardi et mercredi et si le marché n'attend pas de hausse de taux à l'issue des débats, les investisseurs attendent de connaître les nouvelles prévisions économiques de la banque centrale, l'évolution des projections de ses dirigeants en matière d'évolution des taux et d'éventuelles précisions sur l'arrêt de la réduction de son bilan.

"Ses responsables devraient être beaucoup plus prudents sur les perspectives économiques qu'ils ne l'avaient été en janvier en attendant de nouveaux éléments sur les dommages que le 'shutdown' de l'administration américain pourrait avoir provoqué sur l'économie américaine", explique Michael Hewson, de CMC Markets.

VALEURS

Malgré les interrogations sur la politique monétaire américaine, le secteur bancaire européen a fini la journée sur une hausse de 1,16%, en profitant de l'officialisation des discussions entre Deutsche Bank et Commerzbank en vue d'une possible fusion.

Les deux premières banques allemandes ont bondi respectivement de 4,15% et 7,21%. Ailleurs en Europe, Société générale a pris 2,47%, Crédit agricole 2,57% et BNP Paribas 1,84% à Paris tandis qu'à Milan, Intesa Sanpaolo gagnait 1,55%.

Parallèlement, les valeurs du secteur des paiements ont bénéficié de l'annonce du rachat de l'américain Worldpay (+8,95%) par son compatriote Fidelity National Information Services pour environ 35 milliards de dollars (30,8 milliards d'euros): Worldline a pris 0,6%, Adyen 1,82% et Ingenico 0,38%.

A WALL STREET

Au moment de la clôture en Europe, Wall Street évoluait elle sans tendance claire: le Dow Jones cédait 0,02% alors que le Standard & Poor's 500 progressait de 0,16% et que le Nasdaq Composite abandonnait 0,10%.

Le compartiment des financières affiche la meilleure performance sectorielle du jour avec un gain de 1,21% mais celui des hautes technologies (+0,07%) a effacé ses gains, après un début de séance positif grâce à entre autres à la hausse d'Apple (+0,73%) après la présentation de nouveaux modèles d'iPad.

Le Dow Jones reste freiné par la baisse de Boeing, qui cède 2,72% après de nouveaux éléments soulignant les similitudes entre la catastrophe d'Ethiopian Airlines le 10 mars et celle de Lion Air en octobre.

LES INDICATEURS DU JOUR

Aux Etats-Unis, l'indice de la conjoncture du marché immobilier de la NAHB est ressorti inchangé à 62 alors que le consensus Reuters le donnait en légère hausse à 63.

En zone euro, l'excédent de la balance commerciale des 19 a diminué en janvier en données brutes à 1,5 milliard d'euros mais celui de l'ensemble de l'Union a augmenté pour atteindre 24,9 milliards.

CHANGES

L'approche des décisions de la Fed et l'anticipation d'un discours globalement accommodant de son président, Jerome Powell, contribuent à la baisse du dollar face à un panier de devises de référence.

L'euro a fini la journée sans grand changement à 1,1325 dollar après un pic à 1,1359, son meilleur niveau depuis le 4 mars.

La livre sterling a quant à elle creusé ses pertes en fin de séance après les déclarations du "speaker" de la Chambre des communes excluant un nouveau vote sur l'accord de Brexit négocié par la Première ministre Theresa May si le texte soumis aux députés est le même que celui déjà rejeté.

La devise britannique perdait au moment de la clôture plus de 0,5% face au dollar comme vis-à-vis de l'euro.

"Le speaker du Parlement a réduit à néant les espoirs de Theresa May de soumettre au vote le même accord", constate Naeem Aslam, analyste de ThinkMarkets. "Le risque de voir le Royaume-Uni sortir brutalement de l'UE a de nouveau augmenté parce que l'UE a besoin d'un projet et d'une stratégie clairs avant d'accorder une prolongation."

TAUX

Le rendement des obligations d'Etat britanniques à dix ans a lui aussi souffert de ce nouveau rebondissement du feuilleton du Brexit, cédant jusqu'à plus de trois points de base pour tomber brièvement sous 1,18%.

La séance en Europe a aussi été marquée par le recul marqué des rendements italiens, au plus bas depuis mais 2018, et portugais, au plus bas depuis au moins 25 ans, en réaction aux dernières décisions des agences de notation sur leurs notes souveraines respectives.

Moody's n'a apporté aucune modification à son évaluation de la note italienne et S&P Global a relevé la note souveraine portugaise à BBB.

La journée a été beaucoup plus calme pour le Bund allemand, référence pour la zone euro, qui a fini la séance juste en dessous de 0,8%. Son équivalent américain est lui aussi pratiquement inchangé tout près de 2,6%.

PÉTROLE

Les cours du brut sont en hausse, soutenus par la perspective d'une prolongation de l'accord d'encadrement de l'offre mis en oeuvre par l'Opep et plusieurs autres gros producteurs ainsi que par des signes de baisse des stocks aux Etats-Unis.

L'"Opep+" a annulé sa réunion prévue le mois prochain et ne remet donc pas en cause avant juin les baisses de production appliquées depuis janvier.

Le baril de brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) a repassé le seuil des 59 dollars pour la première fois depuis la mi-novembre et le Brent oscille autour de 67,50 dollars.

(Edité par Véronique Tison)