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La famine existe bien en Syrie, confirme un responsable de l'Onu

NATIONS UNIES/AMMAN (Reuters) - Le Conseil de sécurité des Nations unies a évoqué lundi la question des localités syriennes assiégées après les informations selon lesquelles des dizaines de milliers de civils y sont piégés depuis des mois et meurent de faim. Des camions apportant une aide humanitaire sont entrés lundi dans trois zones syriennes assiégées, dont la ville de Madaya, près de la frontière libanaise, dans le cadre d'un accord entre belligérants pour acheminer des vivres et des fournitures médicales dans plusieurs zones encerclées. Les informations de cas de famine ont été confirmées lundi par le coordonnateur de l'action humanitaire des Nations unies en Syrie, Yacoub El Hillo. "Nous avons vu de nos propres yeux des enfants gravement sous-alimentés", a déclaré ce responsable joint par téléphone de Madaya. "Je suis sûr qu'il y a aussi des personnes plus âgées sous-alimentées et il est vrai qu'ils sont sous-alimentés, et ainsi il y a la famine et je suis sûr que la même chose est vraie de l'autre côté, à Al Foua et Kefira," a-t-il ajouté à propos des deux villages chiites. Yacoub El Hillo a également dit avoir reçu des informations, qu'il n'a pas pu confirmer, selon lesquelles pas moins de 40 personnes seraient mortes de faim. A l'Onu, l'ambassadrice des Etats-Unis, Samantha Power, a violemment critiqué "les méthodes caricaturales meurt-de-faim-ou-rends-toi que le régime syrien utilise en ce moment contre son propre peuple". "Regardez les images terrifiantes de civils, parmi lesquels des enfants, même des bébés, à Madaya", a-t-elle dit. "(...) Il y a des centaines de milliers de personnes délibérément assiégées, délibérément affamées, actuellement. Et ces images, elles nous rappellent la Deuxième Guerre mondiale." L'ambassadeur du Royaume-Uni Matthew Rycroft a évoqué "une méthode inhumaine utilisée par le régime al Assad et ses alliés". "Tous les sièges doivent être levés pour sauver des vies civiles et pour rapprocher la Syrie de la paix", a-t-il déclaré dans un communiqué, en précisant que 850 petits enfants avaient un besoin urgent de lait à Madaya. L'ambassadeur de Syrie, Bachar Dja'afari, a déclaré aux journalistes que son gouvernement voulait "coopérer pleinement" à la distribution de l'aide mais a dit qu'une grande partie de ce qui avait été dit à propos de Madaya était fondée sur "de fausses informations". Il a qualifié de "fabrications" les photos de personnes en train de mourir de faim. Il a accusé les "terroristes armés" de "piller" une partie de l'aide. (Louis Charbonneau et Suleiman Al-Khalidi; Danielle Rouquié pour le service français)