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La droite conforte sa majorité au Sénat, revers pour LREM

par Elizabeth Pineau et Emile Picy PARIS (Reuters) - La droite républicaine française reste majoritaire au Sénat, où le Parti socialiste résiste et où La République en marche fait un score modeste, selon les résultats des élections qui ont renouvelé dimanche la moitié de la Chambre haute. D'après des chiffres quasi définitifs publiés sur le site internet du Sénat, la droite républicaine compte environ 150 sièges, contre 142 dans l'assemblée sortante. Avec une cinquantaine d'élus, les centristes gagnent également une douzaine de sièges. Des scores suffisants pour assurer à la droite et au centre la majorité absolue, qui est de 175 sièges au Sénat. "Les grands électeurs ont aujourd'hui conforté la majorité sénatoriale", a déclaré le président du Sénat, Gérard Larcher. "Ils ont clairement affiché leur volonté de voir exister un contre-pouvoir parlementaire indispensable à mes yeux au fonctionnement équilibré de la démocratie", a ajouté le dirigeant Les Républicains (LR), lui-même réélu dans les Yvelines et grand favori à sa réélection à la présidence. Valérie Pécresse, le présidente LR de la région Ile-de-France, a évoqué sur Public Sénat un "succès incontestable pour la droite" et une "très claire volonté de rééquilibrer les pouvoirs" après les victoires d'Emmanuel Macron aux élections présidentielle et législatives du printemps. Plus sévère, l'ancien ministre LR Jean Leonetti a évoqué sur Twitter un "premier échec" politique pour le président. Avec 23 sénateurs élus au final, contre 29 dans l'assemblée sortante, le parti présidentiel La République en marche est loin de la quarantaine d'élus espérés. "Nous ne pouvions ni gagner ni perdre cette élection", a dit sur BFMTV le président du groupe LREM au Sénat, François Patriat, rappelant que le mode de scrutin indirect, via plus de 76.000 grands électeurs, ne favorisait pas le jeune parti créé il y a 18 mois. "D'autres personnes viendront rejoindre ce groupe, qui augmentera par rapport à ce qu'il est aujourd'hui", a ajouté l'ex-socialiste, qui mènera les discussions en ce sens dans les jours à venir. LE PS RESTE LA DEUXIÈME FORCE AU SÉNAT Le Parti socialiste tire son épingle du jeu avec environ 70 sièges, contre 86 dans l'assemblée sortante, ce qui lui assure la place de deuxième groupe parlementaire à la Chambre haute. Au Sénat, le PS "est la première force d'opposition de gauche", s'est félicité sur BFMTV Luc Carvounas, ex-sénateur PS élu député aux dernières législatives. Réélu à Paris, le secrétaire national du Parti communiste, Pierre Laurent, a annoncé que son camp conserverait un groupe au Sénat - où 10 élus suffisent pour en composer un, contre 15 à l'Assemblée nationale. Le Front national ne compte pour sa part aucun élu supplémentaire et reste avec deux sénateurs. Au-delà de la constitution de son groupe au Sénat, LREM espère nouer des alliances chez les socialistes, les radicaux et les républicains pour faire voter des réformes gouvernementales. L'objectif sera d'assurer à Emmanuel Macron une majorité des trois cinquièmes au Parlement (Assemblée et Sénat réunis) qui permettrait d'adopter des textes modifiant la Constitution sans recours au référendum, toujours risqué pour l'exécutif. De l'avis de François Patriat, "le Sénat peut se montrer constructif". "Tout va se passer loi par loi, texte par texte", a-t-il prédit. "Les réformes de transformation que vont proposer le gouvernement et le chef de l'Etat demain vont être scrutées au Sénat et on trouvera souvent des majorités au fur et à mesure". VERS UN GROUPE CONSTRUCTIF AU SÉNAT ? Dernier scrutin d'une année chargée, ces sénatoriales ouvrent une longue période sans élections, jusqu'aux européennes du printemps 2019. Il constituait une sorte de test pour l'exécutif, qui a mécontenté nombre d'élus locaux avec des mesures comme la baisse des emplois aidés et la suppression partielle de la taxe d'habitation. "Les mesures annoncées par rapport aux collectivités ne plaisent pas", a commenté sur Public Sénat le sénateur LR Roger Karoutchi, alors que le débat sur le projet de loi de finances 2018 constituera le plat de résistance du Parlement lors de la session ordinaire qui doit s'ouvrir le 2 octobre. Dimanche, onze candidats ont été élus dès le premier tour dont Jacqueline Gourault, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Intérieur, réélue dans le Loir-et-Cher. Parmi les autres sénateurs reconduits figurent les socialistes Frédérique Espagnac, Michelle Meunier, Laurence Rossignol et André Vallini, les Républicains Philippe Bas et Roger Karoutchi. A Paris, Julien Bargeton (LREM) a été élu, tandis que la socialiste Marie-Noëlle Lienemann a retrouvé son siège. Parmi les battus figurent le socialiste "frondeur" Laurent Baumel et l'ancien député LR Jacques Myard, deux recalés du suffrage universel lors des dernières législatives. Certains sénateurs républicains réfléchissent à la constitution d'un groupe de droite bienveillant envers l'exécutif, du type de celui des Constructifs à l'Assemblée. La sénatrice LR Fabienne Keller a évoqué à ce sujet "deux possibilités : soit on crée un groupe Les Constructifs, soit on crée une sensibilité, un groupe, une amicale à l'intérieur d'un groupe de la majorité sénatoriale refondée". En vertu de la loi sur le non-cumul des mandats, les sénateurs-maires devront choisir entre leur mandat de parlementaire et leur fonction exécutive locale. La nouvelle assemblée sénatoriale de 348 élus doit se retrouver dans l'hémicycle le 2 octobre pour élire son président, deuxième personnage de l'Etat. (Edité par Yann Le Guernigou)