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Vers une démission collective à la tête de la CGT

PARIS (Reuters) - Les dix membres du bureau confédéral de la CGT, dont Thierry Lepaon, ont proposé mardi de remettre leur mandat "à la disposition" de la seule instance habilitée à les démettre, le comité confédéral national (CCN), a-t-on appris de source interne au syndicat. Cela ressemble à un premier pas vers la démission du secrétaire général, qui refusait encore, avant les vacances de Noël, d'envisager cette issue à la crise la plus grave de l'histoire de la première organisation syndicale française. "Thierry vient de dire (à la Commission exécutive de la CGT) que le bureau avait décidé hier de mettre à disposition leur mandat au CCN du 13 janvier", a précisé une source interne. "Cela doit encore être voté par la CE." Si elle l'approuve, comme c'est probable, la Commission exécutive, le gouvernement de la CGT, qui doit encore se réunir mercredi, mettra cette proposition à l'ordre du jour de la session extraordinaire du CCN, son "parlement". Les appels à la démission de Thierry Lepaon se multiplient depuis des révélations sur la rénovation de son domicile de fonction et de son bureau, ainsi que sur une prime reçue à son départ de ses précédentes fonctions, en Normandie. La crise déclenchée par ces fuites a fait office de révélateur d'un profond malaise de la CGT, toujours pas remise des séquelles de la succession mal préparée de Bernard Thibault, sans véritable cap et malmenée lors des dernières élections professionnelles dans la fonction publique. L'ancien secrétaire général Louis Viannet a joint lundi dans Le Monde sa voix aux nombreux cadres et militants de l'organisation qui souhaitent désormais ouvertement le départ de Thierry Lepaon. RETOUR DE THIBAULT? Il est revenu à la charge mardi sur BFM TV en souhaitant que le CCN aille dans le sens d'un "nouveau départ". "Ce que je souhaite c'est que cette démission collective ne soit pas utilisée pour masquer ou atténuer une responsabilité individuelle", a ajouté Louis Viannet. Avant les vacances de Noël, Thierry Lepaon avait lancé une contre-offensive dans les médias et au sein de son organisation, avec le soutien de dirigeants de fédérations. Il avait alors dit qu'il n'entendait pas être "le rat qui quitte le navire" en difficulté, tandis que certains de ses soutiens au sein des instances dirigeantes de la CGT proposaient une démission collective du bureau confédéral mais le maintien du secrétaire général pour former une nouvelle équipe. La question du remplacement de la direction actuelle est une des plus délicates que l'organisation ait à affronter, alors que son prochain congrès n'est prévu qu'en 2016. Le conseiller social de l'ancien président Nicolas Sarkozy, Raymond Soubie, bon connaisseur du monde syndical, en est même à juger dans Le Figaro qu'un retour de Bernard Thibault "n'est pas inenvisageable". D'autres hypothèses, plus plausibles, circulent, comme celle d'une direction collégiale transitoire. (Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)