La démocratie menacée en Pologne, selon la commission électorale

Le président de la Commission électorale polonaise a dénoncé vendredi la réforme du code électoral approuvée la veille par la chambre basse du Parlement, qui accorde selon lui des pouvoirs trop importants au gouvernement. /Photo d'archives/REUTERS/Kacper Pempel

VARSOVIE (Reuters) - Le président de la Commission électorale polonaise a dénoncé vendredi la réforme du code électoral approuvée la veille par la chambre basse du Parlement, qui accorde selon lui des pouvoirs trop importants au gouvernement.

Avec cette loi votée tard jeudi soir par les élus du parti au pouvoir, Droit et Justice (PiS), et ses alliés, le ministre de l'Intérieur pourra désigner tous les candidats à la présidence de la Commission électorale nationale (PKW), organe en principe indépendant chargé de superviser les élections.

"De fait, le ministre prendra les décisions, pas nous", a déclaré le président de la commission, Wojciech Hermelinski, lors d'une conférence de presse, ajoutant que la réforme menaçait le processus électoral tout entier.

D'après le texte, le ministre de l'Intérieur pourra nommer lui-même le président de la Commission électorale si aucun des candidats qu'il a soumis aux juges n'est retenu.

Il pourra aussi imposer les 100 commissaires électoraux, qui ne seront plus obligatoirement des juges, si la PKW ne valide pas la liste transmise préalablement par le ministère de l'Intérieur.

Cette réforme, qui doit encore être approuvée par le Sénat - où le PiS détient la majorité - et signée par le président Andrzej Duda, représente aux yeux de ses détracteurs un nouveau coup porté à l'état de droit en Pologne.

Le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, a annoncé jeudi que la Commission européenne allait ouvrir la semaine prochaine une procédure contre son pays en raison d'une autre réforme, celle du système judiciaire.

(Marcin Goettig, Jean-Philippe Lefief et Jean Terzian pour le service français, édité par Tangi Salaün)