La "crise migratoire" en Europe, "priorité absolue" de Wauquiez

Laurent Wauquiez a placé samedi la question migratoire en Europe au rang de "priorité absolue", dénonçant "l'aveuglement" d'Emmanuel Macron et préconisant des mesures comme le retour des migrants de Méditerranée vers leur lieu de départ. /Photo prise le 30 juin 2018/REUTERS/Eric Gaillard

MENTON, Alpes-Maritimes (Reuters) - Laurent Wauquiez a placé samedi la question migratoire en Europe au rang de "priorité absolue", dénonçant "l'aveuglement" d'Emmanuel Macron et préconisant des mesures comme le retour des migrants de Méditerranée vers leur lieu de départ.

A moins d'un an des élections européennes de mai 2019, le président du parti Les Républicains (LR) réunissait cadres et militants à Menton, dans les Alpes-Maritimes, tout près de la frontière italienne, pour un conseil national sur l'Europe, thème de divisions dans sa famille politique.

Auteur d'un projet européen propre dans le cadre de son mouvement Libres !, la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, a passé un court moment à Menton, contrainte de rentrer à Paris où l'attendaient d'autres obligations, a fait savoir son entourage.

Jean Leonetti, nouveau numéro deux de LR après le récent départ de la "juppéiste" Virginie Calmels, animait les débats dans une salle remplie de militants pavoisée aux couleurs de la France et de l'Europe.

Les députés Eric Ciotti, Christian Jacob et Nadine Morano étaient présents, de même que les anciennes ministres Rachida Dati et Michèle Alliot-Marie.

Le maire de Nice, Christian Estrosi, est passé sans assister au discours de Laurent Wauquiez.

Après un appel à sa famille politique à retrouver le "sens du collectif", loin des "arrière-pensées politiciennes" et des "querelles d'ego", Laurent Wauquiez a présenté les grands axes de son projet européen, centré sur le thème de l'immigration.

"La priorité absolue est de faire face à la crise migratoire. Emmanuel Macron nous explique qu’il n’y a pas de crise migratoire. Il est dans l’aveuglement", a-t-il lancé.

"Pour les Républicains, comme d'ailleurs pour une majorité de Français et d'Européens, la réduction de l'immigration est un impératif. Emmanuel Macron veut répartir les migrants en Europe, nous pensons que l'Europe et la France accueillent trop de migrants", a-t-il ajouté au lendemain du fragile accord trouvé à Bruxelles en la matière. [nL8N1TV0EY] et [nL8N1TW0AT]

RECONDUITE SYSTÉMATIQUE

Partisan de la fermeté, Laurent Wauquiez propose de "reconduire systématiquement dans leur lieu départ" les migrants interceptés en Méditerranée et de créer des centres de réfugiés sur les côtes africaines. Il demande aussi de conditionner l'aide au développement à la coopération des pays dans la lutte contre l'immigration illégale et le retour des sans-papiers.

Le président de LR a visité vendredi la frontière franco-italienne où se pressent des migrants venus de la rive sud de la Méditerranée - là-même où s'était rendue la présidente du Rassemblement national (ex-Front national) Marine Le Pen pendant la campagne présidentielle.

"Non, cette crise n’est pas une parenthèse: derrière la vague migratoire, il y a un tsunami démographique. La population africaine va doubler d’ici trente ans', a-t-il prévenu à Menton. "Si rien n’est fait, il y aura un million d’immigrés supplémentaires à la fin du mandat."

Dans une Union européenne "dans l'impasse", il refuse par ailleurs toute d'idée d'élargissement supplémentaire. "Pour les Républicains ce sera clair: ni Turquie ni Albanie. L'élargissement doit s'arrêter", a-t-il dit.

La plateforme commune en sept points de LR votée en conseil national comporte aussi des mesures à caractère économique, telle la "préférence communautaire" pour les entreprises et l'agriculture françaises. L'"Europe des projets" de Laurent Wauquiez propose de couvrir en 4G tout le territoire européen et d'y lancer de "grandes infrastructures".

Retrouvant les accents droitiers de sa posture, qui font débat à LR, le président de la région Rhône-Alpes a aussi appelé ses troupes à défendre la "civilisation commune" européenne selon lui prise pour cible par "la barbarie islamiste".

"Nous sommes une civilisation de tolérance, d’humanisme, de pardon", a-t-il dit. "Nous n'avons pas le droit, vis-à-vis de nos ancêtres comme de nos enfants, de laisser ce patrimoine et ce message emportés par l'Histoire. Nous devons les défendre, je ne veux plus que nous reculions face à la poussée de l'intégrisme islamique."

(Eric Gaillard avec Elizabeth Pineau à Paris; édité par Henri-Pierre André)