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La crise a coûté six millions d'emplois en Europe depuis 2008

par John O'Donnell ATHENES (Reuters) - La crise financière a coûté six millions d'emplois en Europe depuis 2008 et a plongé plusieurs millions de personnes dans la pauvreté, selon une étude sur les conséquences sociales du ralentissement économique présentée mardi. C'est la première fois que les ministres des Finances de l'Union européenne, réunis mardi en Grèce, se penchent sur cet aspect de la crise économique, étant habituellement préoccupés par les moyens d'apaiser les marchés par des méthodes draconiennes. La réunion s'est tenue mardi près de la place Syntagma, dans le centre d'Athènes, lieu de nombreuses manifestations contre la cure d'austérité exigée par l'UE et le FMI pour sortir la Grèce de la crise. Malgré l'interdiction de manifester, 5.000 personnes se sont rassemblées mardi dans le centre d'Athènes pour protester contre un nouveau train de réformes adopté cette semaine par la Grèce pour obtenir de nouveaux fonds de l'Union européenne et du Fonds monétaire international. Une poignée de manifestants ont tenté de pénétrer à l'intérieur du périmètre bouclé où se tenait la réunion des ministres européens des Finances, mais les policiers les ont repoussés à coups de gaz lacrymogènes. Après six ans de récession, que beaucoup imputent aux créanciers internationaux et en particulier à l'Allemagne favorable à l'orthodoxie budgétaire, environ 25% des Grecs sont sans emploi, dont plus de la moitié des moins de 25 ans. RÉACTIONS FAVORABLES L'étude réalisée par l'influent cercle de recherches Brügel montre que le chômage a atteint 11% de la main d'oeuvre en Europe l'an passé, alors que les gouvernements réduisaient les dépenses publiques. Les plus touchés sont les jeunes, précise l'étude. "L'Union européenne est confrontée à des problèmes sociaux majeurs", précisent les auteurs. "Plus de six millions d'emplois ont été perdus entre 2008 et 2013 et la pauvreté s'est accrue". "La répartition des coûts d'ajustement entre les jeunes et les vieux a été inégale. Un fossé générationnel continue de se creuser au détriment des jeunes", poursuit le texte. L'étude fait également le constat d'une forte disparité des richesses entre les vingt-huit membres de l'UE. Le fossé entre riches et pauvres est le plus large en Grèce, en Espagne, au Portugal, en Italie et en Grande-Bretagne. La Grèce, le Portugal et l'Espagne ont dû faire appel à l'aide de leurs voisins et partenaires. Cet accroissement des inégalités notamment dans les pays du sud de l'Europe, provoquée par une réduction des dépenses sociales, risque de piéger ces pays dans une apathie économique en créant une génération de chômeurs de longue durée. Guntram Wolff, un des auteurs de l'étude, a précisé que si les réactions des ministres ont été favorables à la présentation, des divergences se sont exprimées sur la manière de régler les problèmes. (Pierre Sérisier et Eric Faye pour le service français)