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La Corée du Nord tire quatre missiles balistiques

par Ju-min Park et Kaori Kanebo SEOUL/TOKYO (Reuters) - La Corée du Nord a tiré lundi quatre missiles balistiques à partir de sa base de Tongchang-ri, près de la frontière avec la Chine, dont trois sont tombés à environ 300 km des côtes japonaises, ont annoncé la Corée du Sud et le Japon. Les réactions de la communauté internationales ont été diverses, la France demandant "une réponse ferme", tandis que la Russie appelait toutes les parties à la retenue. Les missiles se sont abîmés en mer du Japon, au large de la côte orientale de la péninsule, a précisé l'armée sud-coréenne en évoquant des fusées d'une portée d'environ 1.000 km et d'une altitude maximale de 260 km. Il ne s'agissait probablement pas de missiles balistiques intercontinentaux (ICBM), susceptibles d'atteindre les Etats-Unis, a-t-elle dit. "La Corée du Sud et les Etats-Unis mènent une analyse conjointe approfondie", a déclaré l'état-major à Séoul. L'armée américaine a confirmé avoir détecté et surveillé ce qu'elle considère elle aussi comme un tir de missile nord-coréen. Elle a ajouté que ces missiles n'avaient pas constitué une menace contre le pays. S'exprimant sous le sceau de l'anonymat, des responsables américains ont confirmé que rien à ce stade ne suggérait que le régime de Pyongyang avait testé à cette occasion un missile balistique intercontinental. Lors d'un point de presse au Pentagone, l'armée américaine n'a pas exclu qu'un nombre supérieur de missiles aient été tirés. "Il y en a eu quatre qui ont touché terre. Il y a eu peut-être un nombre de lancements plus élevé, sujet sur lequel nous ne ferons pas de commentaire", a déclaré le capitaine Jeff Davis, porte-parole du Pentagone, tout en confirmant qu'il ne s'agissait pas de missiles balistiques intercontinentaux. Evoquant en revanche une "grave menace" pour sa sécurité, le Japon a indiqué que trois des quatre missiles s'étaient abattus à l'intérieur des limites de sa zone économique exclusive (ZEE). Les missiles se sont abîmés à seulement 300 à 350 km de la péninsule d'Oga, dans la préfecture d'Akita, dans le nord-ouest du Japon, a précisé la ministre de la Défense, Tomomi Inada. "Les derniers tirs de missiles balistiques sont clairement la preuve d'une nouvelle menace venant de Corée du Nord", a déclaré le Premier ministre, Shinzo Abe. "PROVOCATIONS" La France, via son ministère des Affaires étrangères, a fait savoir qu'elle était en contact avec ses partenaires du Conseil de sécurité de l'Onu pour "bâtir une réponse ferme et déterminée". Le Royaume-Uni, autre membre permanent des Quinze, qui assure actuellement la présidence tournante du Conseil, a lui aussi "condamné" les tirs et appelé Pyongyang à "cesser ses provocations" par un communiqué de son ministre des Affaires étrangères Boris Johnson. C'est à partir de Tongchang-ri, près de la frontière avec la Chine, que Pyongyang avait tiré l'an dernier un missile balistique qui avait placé un objet en orbite. Le tir a été condamné par les Nations unies en vertu des résolutions interdisant à la Corée du Nord d'utiliser une telle technologie. A Séoul, le président par intérim, Hwang Kyo-ahn, a vu dans ces nouveaux tirs un défi direct lancé à la communauté internationale. Il a ajouté que la Corée du Sud, en guise de riposte, déploierait rapidement ses systèmes de défense antimissiles THAAD de conception américaine, en dépit des objections de la Chine. Pyongyang avait menacé la semaine dernière de prendre de "fortes mesures de représailles" contre les exercices militaires annuels conjoints que mènent depuis mercredi dernier la Corée du Sud et les Etats-Unis. La Chine a pris note de ces tirs et, par la voix du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, appelé toutes les parties à la retenue, leur demandant "de ne rien faire qui puisse irriter l'autre et aggraver les tensions régionales". A Moscou, le Kremlin s'est dit "sérieusement préoccupé" par ces nouveaux tirs, tandis que le ministère des Affaires étrangères a appelé "toutes les parties concernées à la retenue et à un développement des initiatives pour rechercher des moyens politiques et diplomatiques de résoudre "le problème de la péninsule coréenne". (Avec Christine Kim, Jack Kim à Séoul, Nobuhiro Kubo à Tokyo et Phil Stewart à Washington; Tangi Salaün, Henri-Pierre André et Danielle Rouquié pour le service français)