La commande d’un ferry écologique à STX à St-Nazaire suspendue

La commande d'un "ferry écologique" passée en janvier par Brittany Ferries aux chantiers navals STX de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) a été "suspendue" faute de financements,. /Photo d'archives/REUTERS/Stéphane Mahé

par Guillaume Frouin NANTES (Reuters) - La commande d'un "ferry écologique" passée en janvier dernier par Brittany Ferries aux chantiers navals STX de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) a été "suspendue" faute de financements, ont annoncé mercredi les syndicats de STX, confirmant une information du site spécialisé Mer et Marine. L’armateur français, qui n’a pas pu boucler son montage financier pour ce navire d’une valeur de 270 millions d’euros, s'est refusé à tout commentaire. "Il fallait prendre une décision, car on allait être amenés à engager des dépenses qui n’allaient pas être couvertes", dit une source chez STX, "On travaille activement à trouver une date de report, car on veut vraiment faire ce bateau." L'information a été donnée lundi lors d’une réunion du bureau du comité d’entreprise des chantiers navals, qui risquent de connaître d'autres déconvenues dans les prochains mois. "On nous a dit que le contrat était suspendu : cela veut dire qu’il n’est pas annulé mais qu’il ne se poursuit pas", déclare Jean-Marc Pérez, secrétaire adjoint de la section Force ouvrière. "En clair, on arrête le travail dans les bureaux d’étude. Et on n’a aucune échéance de reprise éventuelle." La "suspension" du contrat du projet PEGASIS (Power Efficient GAS Innovative Ship) crée une situation d’incertitude pour l’industrie navale nazairienne, pour qui il représentait 2,6 millions d’heures de travail. Ce navire, qui doit pouvoir transporter 2.600 personnes, quarante remorques et 650 voitures, devait occuper 500 salariés pendant deux ans. LES MISTRAL EN ATTENTE "Cela va entraîner une sous-charge de travail dès le printemps 2015 dans les ateliers de fabrication de la coque métallique", redoute Jean-Marc Pérez, alors que la construction du "ferry écologique" devait s’intercaler entre deux paquebots. "C’était aussi une commande importante d’un point de vue technique : l’entreprise doit se positionner sur ces technologies innovantes, alors que les directives européennes vont durcir les contraintes environnementales", a-t-il ajouté. Long de 210 mètres et large de 31 m, ce navire devait être doté de moteurs utilisant non plus du fioul mais du Gaz naturel liquéfié (GNL), "réduisant de 99% les rejets d’oxydes de souffre, de 80% ceux d’oxydes d’azote et de 20% ceux de dioxyde de carbone", avait souligné STX lors de la signature de la commande. La "suspension" de cette commande s’ajoute à l’ajournement de celle des quatre ferries de la SNCM (Société nationale Corse Méditerranée), qui avait été passée par l’ancienne direction de la compagnie en proie à de graves difficultés. "On n’a pas d’annonce officielle, mais tout le monde ici considère que c’est coulé", a dit à Reuters Alain Georget, l’un des responsables de la section CGT des chantiers navals de Saint-Nazaire. "L’Etat, qui est actionnaire chez nous et à la SNCM, devrait peser de tout son poids pour pouvoir boucler le projet." STX, qui emploie 2.400 personnes à Saint-Nazaire, doit par ailleurs livrer en octobre le premier de ses deux porte-hélicoptères Mistral de la Marine russe, puis le second en 2015, mais la crise ukrainienne fait peser une menace sur le contrat. François Hollande a annoncé que la livraison du premier Mistral serait honorée malgré les pressions internationales, mais que celle du second dépendrait de la situation. Les chantiers navals doivent aussi achever en 2016 un paquebot de Royal Carribean Cruise Line et en 2017 un autre pour l’armateur italo-suisse MSC. L’armateur Royal Caribbean Cruise Line a aussi levé l’option qu’il avait posée à l’époque pour un deuxième navire en 2018. (Edité par Yves Clarisse)