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Polémique sur les circonstances de l'accident meurtrier de car

L'enquête sur les circonstances de la collision de mercredi entre un train express régional (TER) et un bus scolaire dans les Pyrénées-Orientales, qui a coûté la vie à cinq collégiens, a donné lieu à une polémique entre la société d'autocar et la SNCF. /Image diffusée le 14 décembre 2017/REUTERS/France Bleu Roussillon

PARIS (Reuters) - L'enquête sur les circonstances de la collision de mercredi entre un train express régional (TER) et un bus scolaire dans les Pyrénées-Orientales, qui a coûté la vie à cinq collégiens, a donné lieu à une polémique entre la société d'autocar et la SNCF.

La question au coeur de la controverse porte sur les barrières du passage à niveau au moment où le bus a traversé les voies, sur le territoire de la commune de Millas : étaient-elles ou non levées ?

Le gérant de l'entreprise de transport dit avoir recueilli la version des faits de la conductrice, selon laquelle la voie était libre.

"Nous l'avons rencontrée hier soir sur son lit d'hôpital, elle était parfaitement lucide et nous a expliqué avoir traversé en toute confiance et en toute sérénité le passage à niveau, barrières ouvertes et feux clignotants éteints", a déclaré Christian Faur vendredi à des journalistes.

"Je voudrais qu'à la fin, lorsque la vérité sera connue, que la SNCF enfin assume ses responsabilités", a également dit le gérant, appelant la SNCF à faire preuve de prudence dans sa communication.

Ces déclarations ont suscité une réponse courroucée de la compagnie ferroviaire, responsable du bon fonctionnement des passages à niveau.

"La SNCF se déclare choquée par les accusations particulièrement graves qui viennent d’être formulées à son encontre, et cela alors que l’heure est au recueillement et à la solidarité avec les victimes, leur famille et leurs proches", peut-on lire dans un communiqué.

Dans ce même document, la SNCF reproche à Christian Faur de se livrer à des accusations "sans aucun élément tangible de preuve, et ont un but purement polémique".

Le procureur chargé de l'enquête, Xavier Tarabeux, n'a formulé aucune conclusion définitive lors d'une conférence de presse donnée vendredi mais, a-t-il précisé, les témoins entendus jusqu'à présent ont "très majoritairement" parlé de barrières baissées.

SIX PERSONNES ENTRE LA VIE ET LA MORT

La collision s'est produite vers 16h00 à un passage à niveau situé à une vingtaine de kilomètres de Perpignan.

Le bus, qui transportait des enfants entre le collège de Millas et les communes de Saint-Féliu-d'Amont et Saint-Féliu-d'Avall, était engagé sur la voie et a été percuté à l’arrière par le train.

Selon le dernier bilan des autorités, cinq collégiens ont été tués et six autres personnes sont entre la vie et la mort.

A Bruxelles, où il participait à un sommet européen, le président Emmanuel Macron a fait part de "la tristesse, la profonde émotion de la Nation française" après cet accident, saluant la mobilisation de tous les services de l'Etat.

Trois enquêtes ont été diligentées : l'une dirigée par les services de la police judiciaire confiée au procureur de Marseille, une deuxième, administrative, du Bureau d'enquête sur les accidents de transport terrestre (BEA-TT) et enfin une enquête interne déclenchée par la SNCF.

La ministre des Transports a annoncé la nomination d'un coordinateur interministériel pour aider les familles "dans la durée", notamment pour les démarches administratives. "Il sera sur place dès demain", a-t-elle dit.

Selon des chiffres officiels, la France compte environ 15.000 passages à niveau. Les accidents survenus à des passages à niveau ont fait 31 morts en 2016 et 33 cette année, avant la drame de Millas.

(Arthur Connan, Elizabeth Pineau et Simon Carraud, avec Jean-Baptiste Vey à Bruxelles, édité par Yves Clarisse)