Raids aériens au Yémen, négociations à Oman

Le batiment abritant l'Association yéménite de football partiellement détruit par un raid aérien, à Sanaa. Des avions de la coalition arabe dirigée par l'Arabie saoudite ont bombardé lundi des positions des miliciens chiites houthis dans pratiquement toutes les régions du Yémen. /Photo prise le 31 mai 2015/REUTERS/Mohamed al-Sayaghi

par Mohammed Ghobari SANAA (Reuters) - Des responsables politiques ont fait état de progrès dans les efforts visant à ouvrir un dialogue entre les parties en conflit au Yémen, alors que les avions de la coalition arabe dirigée par l'Arabie saoudite ont bombardé lundi des positions des miliciens chiites houthis dans pratiquement toutes les régions du pays. Le sultanat d'Oman, qui ne participe pas à l'offensive lancée par Ryad le 26 mars dernier pour rétablir dans ses fonctions le président yéménite en exil Abd-Rabbou Mansour Hadi, organise une médiation entre des représentants du gouvernement américain et des milices houthistes dans un hôtel de Mascate, ont indiqué ces sources politiques. Selon des responsables politiques indépendants à Sanaa, ces discussions ont permis de réduire les divergences entre les Houthis et le gouvernement en exil, ce qui pourrait permettre l'ouverture de négociations à Genève sous l'égide des Nations unies. "Il y a des progrès dans les discussions pour aboutir à un accord sur une trêve de longue durée et la relance d'un dialogue politique", a déclaré l'un de ces responsables. Selon le porte-parole du gouvernement yéménite Rajeh Badi, l'émissaire des Nations unies pour le Yémen, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, a enregistré des progrès sur "la date, l'ordre du jour et le cadre des discussions de Genève". Le diplomate s'est entretenu à Ryad avec le président Mansour Hadi après des discussions à Sanaa avec des dirigeants houthis. De précédentes tentatives visant à ouvrir des pourparlers en Suisse ont échoué en raison des objections du gouvernement en exil, installé à Ryad, qui réclame comme préalable à toute discussion que les Houthis quittent les principales villes du Yémen et reconnaissent l'autorité de Mansour Hadi. Les miliciens chiites posent quant à eux comme condition l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu. Selon les responsables politiques contactés au Yémen, des progrès ont été enregistrés en vue d'un accord pour une trêve de cinq semaines et la libération par les Houthis de plusieurs personnalités pro-Hadi, dont le ministre de la Défense et le frère du chef de l'Etat. La chasse saoudienne a bombardé lundi la province de Saada, fief des Houthis, dans le nord du pays, aussi bien qu'Aden, la grande ville portuaire du Sud, et des villes du centre. Les habitants de la capitale, Sanaa, ont témoigné du bruit incessant des explosions et des tirs de l'artillerie antiaérienne depuis dimanche. Les avions de la coalition ont aussi bombardé un groupe de miliciens chiites dans les faubourgs d'Aden, théâtre depuis deux mois de combats de rue acharnés entre Houthis et partisans du président Hadi. Selon le Programme alimentaire mondial (Pam), plusieurs milliers de tonnes d'aide humanitaire n'ont pas pu être livrées dans le port en raison des combats. Le MV Amsterdam, qui transportait assez de nourriture pour alimenter 60.000 personnes pendant un mois et qui était attendu à Aden, a été contraint de se dérouter vers le port d'Houbbaïda, précise le Pam dans un communiqué. La France a annoncé lundi avoir authentifié une vidéo dans laquelle la Française Isabelle Prime, enlevée en février au Yémen, appelle François Hollande à oeuvrer en faveur de sa libération. (Avec Fatma Arimi à Mascate, Mohammed Mukhashaf à Aden, Marine Pennetier et John Irish à Paris; Tangi Salaün et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)