La CIA a trompé les Américains sur ses pratiques, selon un rapport

Selon le Washington Post, un rapport de la commission sénatoriale du renseignement sur le programme d'interrogatoires mis en oeuvre par la CIA fait état de révélations accablantes sur les centres de détention secrets de l'agence. /Photo d'archives/REUTERS/Larry Downing

(Reuters) - La CIA a induit les autorités et la population américaines en erreur pendant des années au sujet de ses techniques d'interrogatoire de suspects de "terrorisme", notamment en dissimulant des détails sur certains traitements réservés à ces détenus, rapporte le Washington Post. D'après ce journal, des responsables américains ayant pris connaissance d'un rapport de la commission sénatoriale du renseignement sur le programme d'interrogatoires mis en oeuvre par la CIA font état de révélations accablantes sur les centres de détention secrets de l'agence. Sur ces "sites noirs", les détenus étaient parfois soumis à des techniques d'interrogatoire éprouvantes même lorsque les analystes de la CIA étaient certains que ces prisonniers n'avaient plus rien à leur apprendre, est-il écrit dans ce rapport rédigé à partir d'entretiens avec des responsables américains actuels et passés. Les documents examinés par la commission sénatoriale décrivent des cas de mauvais traitements qui n'avaient pas été signalés auparavant. Ils mentionnent notamment le cas d'un suspect plongé à plusieurs reprises dans de l'eau glacée dans un centre de détention en Afghanistan. Cette méthode présente des similitudes avec la simulation de noyade mais ne figure dans aucune liste des techniques d'interrogatoire approuvées par le ministère de la Justice, écrit le Washington Post. Il est aussi écrit dans ce rapport que les renseignements les plus précieux obtenus par la CIA, notamment ceux ayant permis de localiser et de tuer Oussama Ben Laden en 2011, ont rarement, si ce n'est jamais, été obtenus par le biais des "techniques d'interrogatoires renforcés". Un porte-parole de la CIA a déclaré que l'agence n'avait pas encore pris connaissance de la version définitive de ce rapport et qu'elle ne pouvait donc pas réagir, précise le Washington Post. Le projet de rapport, de 6.300 pages, a été achevé il y a plus d'un an mais son contenu est resté secret. En mars, la présidente de la commission sénatoriale du renseignement, Dianne Feinstein, a accusé la CIA de piratage des ordinateurs utilisés par le personnel de la commission pour la rédaction du rapport, évoquant une possible violation de la loi de la part de l'Agence centrale du renseignement. (Carey Gillam; Bertrand Boucey pour le service français)