Publicité

La Chine met à l'eau son deuxième porte-avions

La Chine a inauguré mercredi matin son deuxième porte-avions, le premier de conception et de construction nationales, dans un contexte de tensions liées à la Corée du Nord et d'inquiétudes concernant les velléités d'hégémonie de Pékin en mer de Chine méridionale. /Photo prise le 26 avril 2017/REUTERS/Li Gang/Xinhua

par Michael Martina PEKIN (Reuters) - La Chine a inauguré mercredi matin son deuxième porte-avions, le premier de conception et de construction nationales, dans un contexte de tensions liées à la Corée du Nord et d'inquiétudes concernant les velléités d'hégémonie de Pékin en mer de Chine méridionale. Selon les médias officiels, le porte-avions, conçu en Chine et construit dans les chantiers navals du port de Dalian, dans le nord-est du pays, n'entrera pas en service avant 2020, le temps d'achever son équipement et son armement. Il donne de la substance aux ambitions de la Chine de devenir une puissance maritime capable de concurrence les Etats-Unis dans une région où les contentieux territoriaux alimentent les tensions. "Avec deux porte-avions, on peut dire sans grande crainte d'être contredit que la Chine, hormis les Etats-Unis, est la principale puissance maritime de la région Asie-Pacifique", note Sam Roggeveen, chercheur au Lowy Institute de Sydney. La construction de ce porte-avions "100% Made in China", confirmée fin 2015 par Pékin, a débuté en 2013. Sa structure principale a été achevée et ses équipements des systèmes majeurs, notamment en matière de propulsion et d'alimentation électrique, ont été installés, précise l'agence officielle de presse Chine nouvelle. "La mise à l'eau de ce porte-avions marque les progrès de la Chine dans la conception et la construction d'un porte-avions national", poursuit l'agence. La cérémonie, dont la télévision publique a diffusé des images, a eu lieu mercredi matin dans le port de Dalian, près de Pékin. Conformément aux traditions maritimes, une bouteille de champagne a été brisée à sa proue. L'événement suit de quelques jours seulement le soixante-huitième anniversaire, dimanche, de la fondation de la marine chinoise. Commandée depuis janvier par l'amiral Shen Jinlong, un proche du président Xi Jinping à la carrière fulgurante, la marine chinoise, qui s'est longtemps cantonnée à des opérations côtières, a vu son rôle devenir majeur sur fond de tensions géopolitiques en mer de Chine méridionale. En 2016, 18 nouveaux bâtiments ont été mis en service, dont des frégates lance-missiles. Elle dispose depuis 2012 d'un premier porte-avions, le Liaoning, acheté inachevé à l'Ukraine en 1998 et réaménagé en Chine. AMBITIONS MARITIMES Le pont d'envol du nouveau porte-avions, qui déplace 50.000 tonnes d'eau, pourra accueillir des avions de combat Shenyang J-15. On sait très peu de choses sur l'étendue du programme chinois de porte-avions, classé secret d'Etat. Le gouvernement de Taïwan affirme que deux porte-avions sont actuellement en construction en Chine. Le second n'a pas été confirmé par Pékin. D'après des experts cités dans les médias officiels chinois, le pays aurait besoin d'au mois six bâtiments de ce type - à titre de comparaison, l'US Navy compte dix porte-avions opérationnels et prévoit d'en construire deux autres. Sam Roggeveen estime que trois porte-avions suffiraient à la marine chinoise pour se mesurer à la marine américaine "étant donné, explique-t-il, que les Américains ont des obligations et des responsabilités mondiales que les Chinois n'ont pas". La Chine revendique la possession de la quasi-totalité de la mer de Chine du Sud, dont les fonds renfermeraient de vastes quantités de pétrole et de gaz et qui constitue une voie de navigation commerciale majeure - quelque 5.000 milliards de dollars de marchandises y transitent chaque année. Ses ambitions se heurtent à celles de Bruneï, de la Malaisie, des Philippines, de Taïwan et du Vietnam. (avec Ben Blanchard; Benoît Van Overstraeten et Henri-Pierre André pour le service français)