La Chine dénonce les sanctions US sur le pétrole iranien

PEKIN (Reuters) - Le ministère chinois des Affaires étrangères a officiellement protesté mardi contre la décision des Etats-Unis de mettre fin aux exemptions qui lui permettaient ainsi qu'à sept autres pays de continuer d'importer du pétrole iranien, ajoutant une nouvelle ligne de faille à des relations bilatérales déjà difficiles.

La Chine est le principal acheteur de pétrole iranien avec des importations qui ont totalisé l'an dernier 29,27 millions de tonnes, soit environ 585.400 barils par jour, selon des données des douanes. Le brut iranien a ainsi représenté quelque 6% des importations chinoises de pétrole.

Annoncée lundi, la décision de Washington de ne pas renouveler les exemptions accordées en novembre dernier jusqu'au 1er mai a fait grimper les cours du brut à de nouveaux plus hauts de 2019.

La Chine est résolument opposée à l'imposition de sanctions unilatérales par les Etats-Unis, a déclaré Geng Shuang, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, lors d'un point de presse.

"La décision des Etats-Unis ajoutera à la volatilité au Moyen-Orient et sur le marché international de l'énergie. Nous demandons aux Etats-Unis d'adopter une attitude responsable et de jouer un rôle constructeur, et non le contraire", a-t-il ajouté, précisant que la Chine avait d'ores et déjà exprimé son mécontentement par voie diplomatique.

"La Chine exhorte la partie américaine à respecter sincèrement ses intérêts et inquiétudes et à ne pas prendre de mauvaises mesures qui nuisent aux intérêts de la Chine", a poursuivi le porte-parole.

Pékin et Téhéran entretiennent de longue date des relations étroites, notamment dans le secteur de l'énergie.

Certaines raffineries en Chine sont configurées spécialement pour traiter le brut iranien, qui leur permet de dégager des marges plus élevées que le pétrole d'autres pays comme l'Arabie saoudite.

Les compagnies nationales Sinopec Group et China National Petroleum Corporation (CNPC) produisent l'une et l'autre en Iran, où elles ont massivement investi dans les gisements de Yadavaran et Azadegan-Nord. Le pétrole qui y est extrait est directement acheminé en Chine.

Pékin et Washington tentent de conclure un accord pour mettre fin à leur différend commercial mais ont bien d'autres points de désaccord, parmi lesquels la souveraineté en mer de Chine méridionale ou le soutien américain au gouvernement de Taiwan.

(Martin Pollard avec le bureau de Pékin, Véronique Tison pour le service français, édité par Pierre Serisier)