La CEDH dénonce la condamnation de l’opposant russe Navalny

Selon la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), Alexeï Navalny, opposant au président russe Vladimir Poutine et figure de la lutte contre la corruption, a été condamné en 2013 au terme d’une procédure "inéquitable" et de nature vraisemblablement "politique". /Photo prise le 12 février 2016/REUTERS/Maxim Shemetov

STRASBOURG (Reuters) - Alexeï Navalny, opposant au président russe Vladimir Poutine et figure de la lutte contre la corruption, a été condamné en 2013 au terme d’une procédure "inéquitable" et de nature vraisemblablement "politique", affirme la Cour européenne des droits de l’homme dans un arrêt rendu mardi (CEDH). Les poursuites engagées contre l’ex-avocat dans une affaire de vente de bois d’un domaine public alors qu’il était conseiller du gouverneur de la région de Kirov, avaient été abandonnées à plusieurs reprises pour absence d’infraction et à chaque fois relancées. Alexeï Navalny avait finalement été condamné à cinq ans de détention pour détournement de fonds, le 18 juillet 2013, alors qu’il venait de se porter candidat aux élections municipales de Moscou, scrutin lors duquel il devait obtenir 27% des suffrages. Sa condamnation et celle, à quatre ans de prison d’un associé, Piotr Ofitserov, avaient été réduites en appel et assorties du sursis. "Les juridictions russes n’ont pas fait bénéficier les requérants d’un procès équitable au point qu’elles ne semblent même pas s’être souciées des apparences", estime la cour dans un arrêt rendu à l’unanimité des juges. Les poursuites avaient été déclenchées en 2010 alors que la campagne anticorruption menée par l’opposant se développait et prenait pour cible "de hauts fonctionnaires, dont le président de la Fédération de Russie". La juridiction du Conseil de l’Europe accorde 8.000 euros pour dommage moral à chacun des deux requérants. (Gilbert Reilhac, édité par Sophie Louet)