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La Bretagne inaugure une usine chinoise de poudre de lait

par Pierre-Henri Allain CARHAIX, Finistère (Reuters) - L’usine de fabrication de poudre de lait du groupe chinois Synutra, présentée comme la plus grande unité de ce type au monde et dont les produits sont destinés au marché chinois, a été inaugurée mercredi en Bretagne. La construction de cette usine pour un investissement de 170 millions d’euros est une des conséquences de la crise sanitaire ayant éclaté en Chine en 2008, qui a conduit le groupe Synutra à se tourner vers la France et la Nouvelle-Zélande pour ses approvisionnements en matières premières. A 10h08 précise, le chiffre huit étant symbole de bonheur et de sérénité en Chine, le ruban inaugural a été coupé par Zhang Liang, PDG du groupe numéro trois des produits laitiers infantiles en Chine, dans l'unité de Carhaix (Finistère). Ce dernier a qualifié la nouvelle usine bretonne de "plus grande et plus moderne usine de poudre de lait du monde". "C’est une usine moderne, fiable et dotée des technologies les plus performantes pour une qualité irréprochable de production", a-t-il déclaré après les feux d’artifice et la musique bretonne, devant un parterre de quelque 650 personnes dont une délégation de 200 Chinois. Avec une capacité de production de 120.000 tonnes de poudre de lait pour 288 millions de litres de lait collectés par an, l’usine de Carhaix n’aurait en effet, par sa taille et sa conception, aucun équivalent dans le monde. Elle a notamment mis en oeuvre les normes les plus drastiques afin d’éviter toute contamination bactériologique, après une série de scandales. "C’est une usine de nouvelle génération qui est l’aboutissement d’un partenariat de trente ans entre la Chine et la France dans la filière lait", a dit Zhang Liang. Cherchant à sécuriser ses approvisionnements pour la fabrication d’un produit haut de gamme, le groupe Synutra, qui a déjà quatre usines en Chine et compte 12.000 collaborateurs, a choisi Carhaix en 2012 pour une nouvelle usine en raison d’un environnement agricole très favorable, la Bretagne fournissant 20% de la production laitière française. LA FIN DE LA CRISE DU LAIT EN FRANCE Le PDG de Synutra a souligné que celle-ci était un "gage de qualité irréprochable" pour la poudre de lait du groupe qui bénéficiera en outre d’une traçabilité inédite en Chine, avec des codes sur les emballages permettant de retrouver l’origine du lait ayant permis sa fabrication. "Nous avons trouvé ici une matière première parmi les plus qualitatives au monde, avec un degré de traçabilité, de qualité des plus exigeants. C'est notre valeur ajoutée sur le marché chinois", a déclaré Zhang Liang. Afin de s’approvisionner, Synutra a conclu un contrat sur dix ans avec la coopérative Sodiaal, troisième coopérative laitière européenne, dont 800 éleveurs du grand ouest fourniront quotidiennement le lait à l’usine. Ancien directeur d’Entremont et président de Synutra France, Christian Mazuray a précisé qu’en raison de ces circuits courts et d’un processus de fabrication dans l’usine de quelques jours, les Chinois pourront bénéficier de produits destinés aux nourrissons "ultra-frais". "La consommation de produits laitiers en Chine laisse de très bonnes perspectives de développement", a indiqué de son côté le président de l’association laitière chinoise, Song Kungang. Compte tenu du coup élevé du lait et de la poudre de lait en Chine et de la qualité de la production française, Synutra pourrait lancer d’ici quelques mois deux autres projets de production de produits laitiers à Carhaix et en Normandie pour la production lait UHT, Sodiaal s’étant engagé de son côté dans la création d’une unité de production de lacto-serum à Carhaix. Comptant actuellement 200 salariés, l’usine de Carhaix, petite ville de 8.165 habitants, pourrait atteindre d’ici un an un effectif de 280 personnes pour un chiffre d’affaire prévisionnel de 500 millions d’euros en 2018. Après avoir fait la grimace, industriels et producteurs français de lait ont retrouvé le sourire face à la montée en flèche des prix du beurre et de la poudre de lait, grâce à une conjoncture internationale qui semble résolument tourner le dos à la crise, notamment grâce à l'appétit chinois. (édité par Yves Clarisse)