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La Biélorussie accuse Moscou d'"agression politique"

Le projet russe de zones tampons à la frontière biélorusse constitue un "agression politique", a estimé vendredi le président Alexandre Loukachenko, lors d'une conférence de presse de plus de sept heures. /Photo prise le 3 février 2017/REUTERS/Nikolai Petrov

MINSK (Reuters) - Le projet russe de zones tampons à la frontière biélorusse constitue un "agression politique", a estimé vendredi le président Alexandre Loukachenko, lors d'une conférence de presse de plus de sept heures. Les relations entre Minsk et Moscou se sont dégradées depuis que le chef de l'Etat biélorusse a déploré l'annexion par la Russie de la péninsule ukrainienne de Crimée, en mars 2014. Depuis lors, un contentieux sur le prix du gaz a opposé les deux pays, Moscou ayant par ailleurs réduit ses livraisons de pétrole à la Biélorussie. Les efforts déployés par la Russie pour y accroître sa présence militaire ont en outre été vains. Le dernier motif de tension porte sur trois zones frontalières dont les services de sécurité russes ont ordonné la mise en place après l'annonce par les autorités biélorusses le mois dernier que les ressortissants de 80 pays allaient être exemptés de visa pour les séjours ne dépassant pas cinq jours. Les deux pays font partie d'une union douanière et ne procèdent plus à aucun contrôle frontalier depuis des années. Le gouvernement biélorusse, qui dit ne pas avoir été consulté, soupçonne Moscou de vouloir les rétablir. Pour Alexandre Loukachenko, "la Russie commence à redouter que la Biélorussie ne se tourne vers l'Ouest". "Qu'est-ce que c'est que cette zone frontalière de 30 km ? Il me semble qu'il s'agit d'une attaque politique", a déclaré le président, qui reproche en outre à son grand voisin de le menacer d'une nouvelle réduction des exportations de pétrole. "Nous nous en sortirons sans le pétrole russe. S'il faut choisir entre le pétrole et l'indépendance, il n'y pas d'hésitations", a-t-il ajouté. A Moscou, le Kremlin a fait savoir vendredi que la coopération avec la Biélorussie restait une priorité. (AndreÏ Makhovsky, Jean-Philippe Lefief pour le service français, édité par Gilles Trequesser)