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Mario Draghi assure que la BCE est prête à agir vite

La Banque centrale européenne (BCE) est prête à agir rapidement pour faire remonter l'inflation dans la zone euro, selon son président Mario Draghi, qui évoque la possibilité de modifier le programme d'achats d'actifs de l'institution et le taux de dépôt. /Photo prise le 12 novembre 2015/REUTERS/Eric Vidal

par Balazs Koranyi et Francesco Canepa

FRANCFORT (Reuters) - La Banque centrale européenne (BCE) est prête à agir rapidement pour faire remonter l'inflation dans la zone euro, a déclaré vendredi son président, évoquant la possibilité d'amplifier le programme d'achats d'actifs de l'institution et celle d'une modification du taux de dépôt.

Ces propos constituent l'indication la plus claire à ce jour de la probabilité de nouvelles initiatives de la BCE à l'issue de la prochaine réunion de son Conseil des gouverneurs, le 3 décembre, dans le but d'endiguer la baisse des prix dans la zone euro, qui éloigne l'institution de son objectif d'un taux inflation légèrement inférieur à 2% à moyen terme.

"Si nous décidons que la trajectoire actuelle de notre politique n'est pas suffisante pour atteindre notre objectif, nous ferons ce que nous devons faire pour faire remonter l'inflation aussi rapidement que possible", a dit Mario Draghi lors du Congrès bancaire européen à Francfort.

Il s'exprimait devant certains des critiques les plus sévères de la politique ultra-accommodante menée par la BCE, parmi lesquels le président de la Bundesbank allemande, Jens Weidmann.

Ce dernier a jugé qu'il fallait encore donner du temps aux mesures de politique monétaire déjà en vigueur pour produire leur effet et a mis en garde contre les risques attachés à une politique monétaire ultra-accommodante. "Plus nous resterons longtemps en mode ultra-accommodant, moins cette politique sera efficace et plus les risques connexes et effets secondaires se feront sentir".

Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, qui a lui aussi ouvertement critiqué la banque centrale à plusieurs reprises, devait s'exprimer dans la journée à la même tribune.

Depuis le mois de mars, la BCE achète chaque mois pour 60 milliards d'euros de titres sur les marchés, principalement des obligations d'Etat, pour tenter de faire remonter les prix, mais cette politique a eu pour l'instant peu d'effet: en octobre, les prix à la consommation dans la zone euro n'ont augmenté que de 0,1% sur un an.

"TOUS LES INSTRUMENTS DISPONIBLES"

Mario Draghi a néanmoins plaidé la cause du programme d'assouplissement quantitatif ("quantitative easing", QE), expliquant qu'il avait permis de faire baisser les coûts de financement des entreprises de la zone euro.

Il a ajouté que ce programme pouvait être augmenté, prolongé et son champ d'application élargi afin d'accroître son efficacité.

Il a aussi déclaré que la BCE pourrait modifier son taux de dépôt pour amplifier l'impact du QE.

Le taux de la facilité de dépôt est actuellement fixé à -0,2%, ce qui signifie que les banques doivent payer pour placer leurs réserves excédentaires auprès de la banque centrale. Ce taux négatif vise à inciter les établissements financiers à prêter plutôt qu'à immobiliser leurs capitaux.

Les marchés anticipent depuis plusieurs semaines déjà un nouvel assouplissement de la politique de la BCE le 3 décembre. Parmi les hypothèses envisagées par les investisseurs figurent, outre celle d'un nouvel abaissement du taux de dépôt, celle d'une augmentation du montant mensuel des achats d'actifs et celle d'une prolongation du QE au-delà de l'échéance initiale fixée à septembre 2016.

Mario Draghi a expliqué que la BCE agirait si elle concluait que l'inflation dans la zone euro risquait de s'éloigner encore de son objectif, une éventualité déjà évoquée lors de la réunion de politique monétaire du 22 octobre.

"Si nous concluons que l'équilibre des risques pour notre objectif de stabilité des prix à moyen terme s'oriente à la baisse, nous agirons en utilisant tous les instruments disponibles dans le cadre de notre mandat", a-t-il dit.

Sur le marché des changes, l'euro a cédé du terrain après ces déclarations, tombant à un plus bas du jour de 1,0665 dollar avant de remonter légèrement. A 9h45 GMT, il se traitait à 1,0685 dollar.

(avec John O'Donnell; Marc Angrand pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)