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La Banque d'Angleterre abaisse ses prévisions de croissance

par David Milliken et Ana Nicolaci da Costa

LONDRES (Reuters) - La Banque d'Angleterre (BoE) a revu en baisse jeudi ses prévisions de croissance et l'unique membre de son comité de politique monétaire qui avait soutenu le principe d'une hausse des taux ces derniers mois est revenu sur sa position.

Ces annonces laissent penser que les taux resteront stables sur une longue période, même si le gouverneur de la BoE, Mark Carney, a déclaré à l'issue du comité de politique monétaire que le prochain pas serait probablement un relèvement de taux.

Faisant écho au pessimisme des banquiers centraux dans le monde, Mark Carney a souligné que la croissance mondiale était au mieux modeste, avec des risques accrus liés au ralentissement dans les économies émergentes, qui freine la croissance britannique malgré la bonne résistance de la demande intérieure.

Face au rééquilibrage de l'économie chinoise, à l'augmentation des flux de capitaux, au durcissement des conditions financières et à l'augmentation de la volatilité sur les marchés, il a noté une montée des risques pour le pays.

"Toutes ces évolutions créent des risques baissiers pour la croissance au Royaume-Uni à travers les canaux du commerce, de la finance et de la confiance", a-t-il déclaré.

"Les perspectives pour le commerce extérieur sont particulièrement sombres et les exportations nettes devraient peser sur la croissance britannique sur la période étudiée."

Les chutes des marchés pétrolier et boursier et les risques apparus dans les économies émergentes ont incité les banques centrales internationales à revoir en baisse leurs estimations de croissance et d'inflation et à débattre ouvertement de la nécessité de s'orienter vers de nouvelles mesures d'assouplissement monétaire plutôt que vers une normalisation dès cette année.

La Banque du Japon a adopté la semaine dernière des taux négatifs, la BCE a laissé entendre qu'elle abaisserait ses taux en mars et le gouverneur de la Réserve fédérale de New York, William Dudley, a déclaré mercredi qu'il se pourrait qu'il n'y ait aucune hausse de taux cette année après celle de décembre.

UNE HAUSSE DE TAUX "PLUS PROBABLE"

Le Royaume-Uni a bien résisté jusqu'à présent à la faiblesse de la croissance en Europe, affichant une croissance relativement solide, peu de surcapacité et un taux de chômage proche de l'équilibre de long terme, laissant penser que la BoE suivrait bientôt l'exemple de la Fed en relevant ses taux directeurs.

Les turbulences sur les marchés mondiaux ont refroidi ces attentes mais Mark Carney a déclaré mercredi que le prochain mouvement sur les taux de la banque centrale serait à la hausse.

"Nous ferons ce qu'il faut au bon moment sur les taux", a-t-il dit. "Le plus probable est que le prochain pas soit une hausse."

La Banque d'Angleterre a annoncé à l'issue de son comité de politique monétaire que la totalité de ses neufs membres avaient voté le maintien de son taux d'intervention à un plus bas record de 0,5%, dont il n'a plus bougé depuis près de sept ans.

Ian McCafferty, partisan d'un durcissement monétaire depuis août, a renoncé à son opinion.

"Une période d'inflation basse plus prolongée laisse penser que l'accélération du rythme des hausses salariales sera dans un premier temps moins sensible qu'on ne le pensait jusqu'alors", dit-il, dans le compte-rendu de la réunion.

L'institut d'émission pense toujours que le scénario le plus probable est que les taux d'intérêt augmentent progressivement sur les trois ans à venir mais elle ne semble pas pressée de suivre l'exemple de la Réserve fédérale américaine, qui a durci sa politique monétaire en décembre, juste avant le dernier coup de tabac sur les marchés.

La BoE projette dorénavant une croissance de 2,2% cette année, alors qu'elle anticipait 2,5% en novembre, de 2,3% en 2017 (2,6% en novembre) et de 2,4% en 2018 (2,5%). Cela représenterait le profil de croissance le plus bas depuis près de trois ans.

L'inflation mesurée par les prix de détail devrait rester inférieure à 1% tout au long de 2016, selon la BoE, ce qui est plus long que ce qu'elle projetait précédemment, avant de remonter à un petit peu plus de 2% en l'espace de deux ans, sans changement sur sa prévision antérieure.

(Wilfrid Exbrayat et Juliette Rouillon pour le service français, édité par Bertrand Boucey)