La banque centrale grecque souligne la fragilité de la reprise

ATHENES (Reuters) - La croissance économique devrait être de retour en Grèce cette année et s'accélérer en 2016 mais elle reste exposée à des risques liés à la capacité de l'Etat à remplir ses engagements vis-à-vis de ses partenaires de la zone euro et à la lassitude face aux réformes, explique la banque centrale grecque dans son rapport annuel publié jeudi.

Le feu vert de l'Eurogroupe à une prolongation de l'aide financière de quatre mois a évité des "conséquences terribles" pour l'économie, observe le gouverneur Yannis Stournaras, qui exhorte le gouvernement d'Alexis Tsipras à poursuivre les réformes structurelles et à conclure rapidement un accord définitif avec ses créanciers.

"Nous devons poursuivre les négociations dans un esprit de coopération et de confiance et conclure rapidement avec nos partenaires un accord définitif et bénéfique pour tous", ajoute-t-il.

Stournaras exhorte par ailleurs le gouvernement à réviser les exonérations fiscales et les traitements fiscaux de faveur, ce qui permettrait selon lui d'abaisser globalement les taux d'imposition, et à achever les grandes privatisations pour stimuler l'investissement.

La Grèce a renoué avec la croissance l'an passé après six années de récession qui ont mis le quart de la population active au chômage, sabré le niveau de vie et augmenté sensiblement la pauvreté.

La banque centrale prédit à nouveau la croissance cette année et la suivante mais il faut pour cela que le gouvernement boucle ses discussions avec les créanciers et adopte une politique de croissance nationale axée sur la mise en oeuvre des réformes structurelles.

Les banques grecques sont bien capitalisées mais elles sont confrontées à deux problèmes, à savoir un niveau élevé de créances douteuses et irrécouvrables et des "tensions considérables" sur leur liquidité ces derniers mois, en l'absence persistante d'accès au marché monétaire, note encore l'institut d'émission grec.

Les banques ont subi des retraits massifs ces dernières semaines en dépit de la "fourniture de liquidités d'urgence", un mécanisme mis en place par la Banque centrale européenne (BCE) mais dont l'exécution incombe à l'institut d'émission grec.

La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé jeudi que les dépôts des banques grecques avaient fondu de 12,2 milliards d'euros en janvier pour revenir à 155,4 milliards. Ils sont ainsi retombés à leur niveau de la mi-2012, au plus fort de la crise grecque.

Une source bancaire grecque a déclaré jeudi que les banques avaient récupéré 850 millions d'euros de dépôts sur les seules journées de mardi et mercredi après l'accord sur la prolongation de l'aide internationale.

(Deepa Babington et Karolina Tagaris, avec John O'Donnell, Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Angrand)