« Avec lʼunité de déminage EOD » : le récit de l’écrivain-voyageur Damien Castera en Ukraine

Borodyanka, ville martyre de la banlieue Nord de Kyiv. Ici, comme à Boutcha ou Irpin, les Russes ont laissé leur triste signature sur les murs de la ville : bâtiments éventrés par les frappes aériennes, parcs de jeux calcinées par lʼartillerie, même la statue de Taras Chevtchenko a reçu une balle au milieu du front. Sur la place du marché, la vie reprend péniblement son cours. Quelques étales sont installés sur le parvis de la maison de la culture. On y distribue des rations alimentaires pour la faim et des vêtements pour le froid. Je découvre une population plongée dans lʼabîme, traumatisée par ces hommes en vert venus du Nord. Une passante m'apostrophe dans la rue : « Tous ces crimes commis au nom dʼune prétendue croisade contre les nazis ? Où sont-ils ces nazis ? À la fin de la guerre, un de nos deux pays sera victorieux, pourtant nous aurons tous les deux perdus. Car aucune victoire ne peut être célébrée dans le sang des innocents. »

Certains habitants portent encore les stigmates des bombardements, brûlures au visage ou sur les mains, détresse plein les yeux. Des corps ont été découverts par centaines, abandonnés dans les rues depuis des semaines. Certains avaient les bras liés dans le dos et ont été abattus froidement dʼune balle dans la nuque. Les corps sans vie ont ensuite été piégés avec des charges explosives. Ultime fait dʼarmes avant de quitter la zone, les soldats russes ont abattu tous les chiens de la ville pour sécuriser les pièges. À Irpin, Boutcha et Borod...


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