L’Union européenne est-elle un anachronisme ?

L'Union européenne, plus d'ambitions que de concrétisations.  - Credit:SCHLAFLANG THOMAS / NurPhoto / NurPhoto via AFP
L'Union européenne, plus d'ambitions que de concrétisations. - Credit:SCHLAFLANG THOMAS / NurPhoto / NurPhoto via AFP

L'Union européenne sera bientôt la dernière à croire qu'elle fait de la politique. Son surmoi réglementaire la conforte dans une satisfaction pour laquelle elle n'avait pas besoin d'être encouragée. Elle se signale, ces derniers jours, par une énième menace à l'endroit d'Elon Musk : interdire Twitter si l'entreprise refuse de se conformer aux « bonnes pratiques contre la désinformation ». La dernière fois qu'elle avait demandé la parole à propos d'un sujet similaire, c'était pour annoncer la « première réglementation sur l'intelligence artificielle », un « exploit », en si peu de temps. L'UE se vante de sa capacité à réagir, et si elle réinvestissait plutôt le domaine de l'action ? Sous peine de devenir une agence dont la mission consiste à décerner un label de vertu à géométrie variable.

C'est une des questions posées par le dernier numéro de l'excellente revue Le Grand Continent, « Fractures de la guerre étendue », si pertinemment sous-titrée « De l'Ukraine au métavers », où des intellectuels (Carlo Galli, Helen Thompson) et dirigeants du monde entier (Yolanda Diaz, Jack Sullivan) réfléchissent à l'avenir d'une Europe stratégiquement volontaire, et concrètement velléitaire. Ses faits de gloire, ou présentés tels, s'apparentent le plus souvent à la convocation dans des délais records de réunions de chefs d'État, lesquels parviennent désormais à former une seule et même voix, disons-le vite.

Contradiction entre ambition et concrétisation

Oui, la fameuse « Eur [...] Lire la suite