L’uniforme obligatoire seulement dans les quartiers prioritaires ? François Bayrou n’y croit pas

Cette proposition de la secrétaire d’État à la Ville sur l’uniforme dans les quartiers défavorisés fait tiquer Bayrou
Cette proposition de la secrétaire d’État à la Ville sur l’uniforme dans les quartiers défavorisés fait tiquer Bayrou

POLITIQUE - Pour ou contre le port de l’uniforme non uniformisé ? Ce jeudi 31 août, à quelques jours de la rentrée scolaire et alors que les débats sur la tenue scolaire ressurgissent comme de coutume, chacun y va de sa proposition. La secrétaire d’État à la Ville a notamment suggéré de limiter l’uniforme aux « quartiers très populaires ». Un avis que ne partage pas François Bayrou, président du MoDem et ancien ministre de l’Éducation.

À peine un mois après son arrivée au ministère de la Ville, Sabrina Agresti-Roubache a pris position dans le sempiternel débat du port de l’uniforme. Elle se dit contre « une généralisation » à tous les petits Français, mais « très favorable à une expérimentation de la tenue scolaire dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville ».

Bayrou à contre-pied

« Qu’est-ce que vous disent les parents ? Que ça (leur) enlève une charge mentale », a-t-elle argué sur LCI mardi 29 août, assurant qu’une simple modification du règlement intérieur des établissements permettrait d’instaurer l’uniforme, sans passer par le vote d’une loi.

L’idée a reçu un accueil favorable auprès de certains députés Renaissance, dont le porte-parole du groupe Benjamin Haddad. Mais au MoDem, elle n’a pas autant séduit. Ce jeudi 31 août, le président du parti François Bayrou a notamment insisté sur « une petite nuance avec la secrétaire d’État » qui révèle en réalité un contre-pied de la proposition.

« Je ne crois pas du tout qu’il faille limiter ça aux quartiers sensibles, ceux dans lesquels les tensions sont les plus grandes. Il n’y a aucune raison. S’il y a des demandes de cet ordre (concernant l’instauration d’un uniforme donc, ndlr), il faut qu’elles touchent l’ensemble du territoire et des établissements scolaires », fait valoir l’ancien locataire de la rue de Grenelle. Comme sa camarade de la majorité, il défend néanmoins l’idée d’une directive qui ne vienne pas de l’État, mais qui réponde à une demande des établissements.

L’uniforme n’est « pas un sujet » de cette rentrée, dit Attal

Dans l’opposition, la déclaration de la secrétaire d’État avait profondément choqué des élus de gauche. « Voyez comme ils passent de l’abaya à l’uniforme pour les pauvres. Leur image de la société est pourrie : entre le racisme, le paternalisme et le racisme de classe. Ils ne veulent pas gouverner un pays, rassembler un peuple mais mater un troupeau », cinglait le député LFI Aurélien Saintoul sur Twitter. L’ancienne ministre de la Famille Laurence Rossignol ironisait quant à elle : « L’uniforme a l’école mais uniquement pour les enfants des quartiers populaires. Ce serait dommage que cette brillante proposition de la ministre de la ville passe inaperçue », quand le Premier secrétaire du PS Olivier Faure taclait : « Un uniforme de pauvres pour les quartiers de pauvres ».

Quid du gouvernement, au-delà de la seule Sabrina Agresti-Roubache ? Dès son entrée en fonction à la tête de l’Éducation nationale, Gabriel Attal s’est dit favorable à des expérimentations du port de l’uniforme, mais à la seule condition que « la communauté éducative demande à l’expérimenter, par exemple dans le cadre du CNR ». Il n’a d’ailleurs pas détaillé davantage, refusant de prendre position sur ce débat clivant au contraire de ses prédécesseurs.

« C’est un vrai débat qui existe dans le pays. Un certain nombre de personnes ont des positions très tranchées, d’autres moins. Je ne crois pas que ce soit une solution miracle qui permette de régler tous les problèmes. En revanche, c’est un débat qui existe et la meilleure moyenne de faire progresser le débat, c’est d’expérimenter les choses », a-t-il redit sur France inter ce jeudi 31 août. Le ministre a cependant estimé que le port de l’uniforme n’était « pas un sujet de la rentrée » et refusé de s’exprimer davantage.

Sollicités par Le HuffPost dans la foulée de la déclaration de Sabrina Agresti-Roubache, ni le ministère de l’Éducation nationale ni le cabinet de la Première ministre n’ont donné suite.

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