L’Ukraine restreint l’usage de l’application Telegram, sur fonds de soupçon d’espionnage russe

L’Ukraine a décidé, vendredi 20 septembre, d’interdire l’usage de l’application russe de messagerie cryptée Telegram a “au sein des agences gouvernementales, des infrastructures militaires et celles de certains secteurs critiques”, relate Kyiv Post, citant une déclaration du conseil national de sécurité. Kyrylo Boudanov, chef du renseignement militaire ukrainien, prévient que la Russie peut accéder aux messages des utilisateurs, y compris ceux qui ont été supprimés, et à leurs données personnelles. Ce n’est pas “une question de liberté d’expression, mais de sécurité nationale”, a-t-il déclaré.

Le 24 août, le Russe Pavel Dourov, PDG de la plateforme Telegram, a été arrêté à son arrivée à Paris et mis en examen, suscitant de très nombreuses réactions dans la presse étrangère. Il lui est reproché de refuser de communiquer aux gouvernements qui en font la demande les données relatives aux activités de sa plateforme, ainsi qu’une absence de modération.

Pavel Dourov, une figure trouble

Dans l’un de ses très rares entretiens, publié en début d’année dans les colonnes du Financial Times britannique, Pavel Dourov présentait Telegram comme “l’une des dernières plateformes libres où les gens peuvent s’exprimer”. Sans s’inquiéter des dérives liées à l’utilisation de sa messagerie ni du mouvement de réglementation à l’œuvre partout dans le monde. Il est le premier grand patron de la tech à passer par la case prison.

Pavel Dourov a quitté la Russie en 2014, “après avoir refusé de se plier aux demandes du gouvernement qui lui intimait de fermer les chaînes d’opposition sur la plateforme VKontakte [l’équivalent russe de Facebook], qu’il a par la suite vendue”, rappelle Kyiv Post. S’il se présente “comme un paria” en Russie, complète le titre, il s’est en réalité “rendu plus de soixante fois” dans le pays après l’avoir quitté, selon Kremlingram, un collectif ukrainien qui milite contre l’usage de Telegram en Ukraine.

Cette application de messagerie cryptée reste “l’une des applications les plus populaires parmi les Ukrainiens”, comme le rappelait début septembre The Kyiv Independent. “Un sondage publié en septembre 2023 par l’institut international de sociologie de Kiev indiquait que 44 % des Ukrainiens utilisaient Telegram pour recevoir des informations et suivre l’actualité”.

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