L’Ukraine doit se préparer aux négociations avec la Russie
“Faut-il négocier ?” s’interroge le mensuel Prospect, au premier anniversaire de la guerre en Ukraine. Oui, répond le diplomate Jonathan Powell dans le numéro de mars du magazine londonien de gauche. Mais pas tout de suite. Aucune des conditions habituelles “pour la tenue de négociations de paix durable” n’est pour l’heure remplie. Sur le terrain, ni l’armée russe ni l’armée ukrainienne ne se trouvent au bord de la rupture. Et dans les sphères politiques, Moscou comme Kiev semblent peu disposés au compromis.
“Reste qu’il faut être prêt”, ajoute le Britannique, négociateur en chef de Londres au moment des accords de paix de 1998 en Irlande du Nord. “Les responsables politiques, qui planifient avec minutie les campagnes militaires ou électorales, se présentent souvent aux négociations sans être préparés, se contentant d’espérer que tout se passe au mieux. En règle générale, c’est le camp qui dispose d’une stratégie claire qui s’impose.” En 2014, dans le sillage de la guerre du Donbass, le président ukrainien de l’époque, Petro Porochenko, a par exemple “accepté – en partie sous la pression de la France et de l’Allemagne – un processus en plusieurs étapes que jamais l’Ukraine n’a été en mesure de mettre en œuvre”, rappelle Jonathan Powell. Dans ce contexte, le plan en 10 points présenté par Volodymyr Zelensky au G20 fin 2022 (comprenant le retrait des troupes russes et la restauration de l’intégrité territoriale du pays) apparaît comme une base solide.
Continuer les combats pendant les discussions
Autre piège à éviter, selon lui : cesser les combats pendant les discussions. Car une trêve permettrait aux Russes de se préparer à une nouvelle offensive. Voire de geler le conflit, au risque d’inciter les alliés occidentaux de Kiev à pousser pour un accord de paix rapide et bâclé. “Cette fois, ce serait une tragédie si les Ukrainiens perdaient à la table des négociations ce qu’ils ont gagné au prix de tant de sacrifices”, insiste Powell.
D’ailleurs, poursuit l’ancien chef de cabinet de Tony Blair, les Occidentaux devraient même s’abstenir de participer aux pourparlers.
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