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L’UE tente de surmonter ses divergences en matière de politique migratoire

L'Union européenne est peut-être à la veille d'un changement majeur de sa politique migratoire. Le sommet européen cette semaine à Bruxelles pourrait marquer un tournant.

En 2015, lorsqu'un million de réfugiés syriens cherchaient à rejoindre l'Europe, la chancelière allemande de l’époque, Angela Merkel, assurait que les 27 parviendraient à gérer ces arrivées et à intégrer ces réfugiés.

"Nous pouvons le faire", assurait-elle.

L'atmosphère est aujourd'hui différente sur le continent. L'Autriche demande des fonds supplémentaires à l'UE pour construire une barrière entre la Bulgarie et la Turquie. De son côté, l'Italie limite les interventions de secours en mer des ONG. Enfin, les élections italiennes et suédoises l'année dernière ont amené au pouvoir des partis au discours anti-immigration.

Depuis, la principale force politique en Europe, le Parti populaire européen (PPE), change aussi de ligne. Pour le dirigeant des chrétiens-démocrates, Manfred Weber, l'Union s'engage dans une crise majeure. Il estime que les clôtures aux frontières ne devraient plus être taboues et appelle donc les institutions à débloquer des moyens financiers.

"Soyons réalistes, à Ceuta et Melilla, nous les voyons depuis des décennies à la frontière afro-espagnole. Nous les avons à la frontière gréco-turque, à la frontière bulgaro-turque", explique Manfred Weber.

"Personne ne veut voir cela, mais si c'est nécessaire, alors nous devons le faire et la Commission européenne devrait être prête à financer cela (ces barrières)", ajoute-t-il.

La Commission européenne refuse jusqu'à présent d'utiliser des fonds pour la construction de ces barrières mais elle offre son aide pour mettre en place des infrastructures de surveillance.

Dans le même temps, les 27 tentent de s'entendre sur le nouveau pacte sur la migration et l'asile. Le texte prévoit des relocalisations obligatoires vers d'autres Etats membres des demandeurs d'asile arrivés en Italie et en Grèce. Mais cette idée est une ligne rouge pour les capitales d'Europe centrale.

De plus, de nombreuses voix au Parlement européen dénoncent une approche inhumaine. Certains eurodéputés rappellent les sombres souvenirs que représentent les clôtures aux frontières.

"Je suis une députée européenne d'Allemagne de l'est. J'ai vécu toute ma jeunesse derrière un mur, derrière des clôtures. Si nous commençons à financer des clôtures par l'UE, ce n'est pas seulement du déjà vu pour moi, mais aussi un retour en arrière pour l'Europe que nous ne voulons pas", explique Cornelia Ernst (GUE).

Lors du sommet extraordinaire, les dirigeants européens évoqueront aussi les questions économiques et la guerre en Ukraine.