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L’UE propose de plafonner le prix du gaz russe, Poutine menace de stopper les livraisons

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen en conférence de presse au siège de l’UE à Bruxelles, le 07 septembre 2022.

Malgré les vives menaces du Kremlin, Ursula von der Leyen souhaite plafonner les prix pour éviter tout risque de pénurie cet hiver.

ENERGIE - Le ton monte entre le Kremlin et l’UE. Alors que Vladimir Poutine menace de cesser toute livraison d’hydrocarbures, Bruxelles a présenté ce mercredi 7 septembre ses pistes pour alléger les factures énergétiques des Européens, proposant de plafonner le prix du gaz russe importé par l’UE, et les revenus des producteurs d’électricité à base de nucléaire et de renouvelables, tout en prélevant une part des bénéfices des groupes gaziers et pétroliers.

« Ménages et entreprises sont confrontés à des prix astronomiques et à une énorme volatilité du marché » de l’électricité, dont les tarifs sont indexés sur les cours du gaz, a constaté la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lors d’une conférence de presse.

Certains producteurs d’électricité, qui mobilisent des centrales nucléaires, l’éolien, le solaire ou les barrages hydroélectriques, « réalisent des revenus massifs qui ne reflètent pas leurs coûts de production » qui sont « faibles », a déploré la présidente de la Commission européenne. Elle a appelé à redistribuer ces « bénéfices inattendus » pour aider les ménages et entreprises « vulnérables ».

La Commission vise également « une réduction intelligente de la demande », avec « un objectif obligatoire pour réduire la consommation d’électricité aux heures de pointe ». Producteurs et distributeurs de gaz et de pétrole, qui réalisent des « bénéfices massifs » à la faveur de la flambée des cours mondiaux, sont également dans le viseur de Bruxelles.

« Nous allons proposer une contribution de solidarité pour les entreprises de combustibles fossiles, car toutes les sources d’énergie doivent contribuer à résoudre cette crise », a indiqué la présidente de l’exécutif européen. Les États membres pourraient utiliser cette manne financière pour aider les consommateurs mais aussi investir dans des sources d’énergies propres.

Bruxelles propose également de plafonner les prix du gaz livré à l’UE par la Russie, afin de « réduire les revenus » utilisés par le Kremlin pour « financer cette guerre atroce contre l’Ukraine ».Bruxelles propose également de plafonner les prix du gaz livré à l’UE par la Russie, afin de « réduire les revenus » utilisés par le Kremlin pour « financer cette guerre atroce contre l’Ukraine ».

Poutine prêt à couper le robinet énergétique

Dans le même temps, Vladimir Poutine a tenu à être clair : la Russie ne livrera plus de pétrole ou de gaz aux pays qui plafonneraient les prix des hydrocarbures vendus par Moscou, tout en se défendant d’utiliser l’énergie comme une « arme ».

Plafonner les prix des hydrocarbures russes serait « une décision absolument stupide », « une bêtise », a lancé Vladimir Poutine lors d’un forum économique à Vladivostok. « Si les pays européens veulent renoncer à leurs avantages compétitifs, c’est à eux de décider », a-t-il prévenu. Mais « nous ne livrerons rien du tout si c’est contraire à nos intérêts, en l’occurrence économiques. Ni gaz, ni pétrole, ni charbon (...). Rien », a-t-il ajouté, le ton ferme et menaçant.

« Nous ne fournirons rien en dehors du cadre des contrats » signés avec les pays importateurs, a encore affirmé Poutine devant plusieurs dirigeants économiques russes et asiatiques. Selon le président russe, les Européens, confrontés à une envolée des prix, « ont plusieurs solutions : soit subventionner les prix élevés (de l’énergie), (...) soit réduire la consommation ».

Inflexible, le dirigeant russe a également avancé l’idée qu’il était impossible d’isoler la Russie, malgré les sanctions. « Peu importe combien certains voudraient isoler la Russie, il est impossible de le faire », a-t-il lâché, estimant par ailleurs que le « pic » des difficultés économiques causées par les sanctions occidentales était « passé », malgré des « problèmes » logistiques dans certains secteurs.

Pas de quoi faire trembler Olivier Véran. En conférence de presse ce mercredi à la suite du Conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement a affirmé que l’idée selon laquelle les sanctions occidentales feraient finalement plus de tort à l’occident qu’à la Russie était totalement fausse.

« Si c’était le cas […] est-ce que vous croyez qu’un dirigeant politique comme Vladimir Poutine le dirait ? Le simple fait qu’il appelle les Européens à arrêter les sanctions -au motif qu’elles ne seraient pas efficaces- nous incite à considérer qu’elles sont efficaces », a répondu l’ancien ministre de la Santé, citant au passage le PIB de la Russie ou l’accès à certaines ressources comme preuves de l’efficacité de cette méthode punitive.

VIDÉO - Vladimir Poutine affirme qu'il est «impossible d'isoler la Russie»