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«L’Un et l’Autre» Le passé décomposé

Au Palais de Tokyo, les artistes Kader Attia et Jean-Jacques Lebel présentent une collection d’œuvres et d’objets fétiches, dont les histoires méconnues traduisent cicatrices coloniales et rapports de domination encore à vif.

Une petite statue à deux têtes, probablement africaine, légendée «venue de nulle part». A côté, comme une mise en perspective, une statuette bicéphale en bois de l’île de Pâques. Etrange. Quels secrets véhiculent-elles ? C’est tout le sel de l’exposition «l’Un et l’Autre», au Palais de Tokyo, que de savoir poser ainsi les énigmes. Elles sont formulées par les artistes Kader Attia et Jean-Jacques Lebel, tout à la fois commissaires et invités de l’événement, et s’énoncent sous la forme d’un déballage d’objets fétiches, les leurs mais aussi ceux d’autres artistes, qu’ils ont conviés dans ce qui ressemble bien à un chœur de tragédie grecque. Les deux hommes se sont entendus pour accorder leurs voix inquiètes de coryphées. «L’Un et l’Autre» se présente comme une sorte de laboratoire, un chantier en devenir, croisant des thématiques communes.

Les deux étaient faits pour se rencontrer. Jean-Jacques Lebel, fils de Robert Lebel (premier biographe de Marcel Duchamp), est né en 1936, et a bien connu Duchamp et André Breton. Artiste, écrivain, collectionneur, il est aussi l’auteur du premier happening européen en 1960 à Venise. Il s’est surtout élevé très tôt contre la guerre d’Algérie, en organisant «l’Anti-Procès» en 1960-1961, une manifestation-exposition contre la torture et la guerre de décolonisation. Il pourrait être le père de Kader Attia. Ce dernier, né en France en 1970 de parents d’origine algérienne, a été bercé par les récits familiaux de la guerre d’Algérie. Lauréat du prix Marcel-Duchamp en 2016, passionné d’histoire et formé à la philosophie, Attia travaille sur le choc et le métissage des cultures. Dans des films, à travers des photos ou des collections d’objets, Kader Attia interroge les symboles de l’hégémonie occidentale, met en (...)

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