L’Iran, menacée d’une riposte israélienne, s’inquiète pour ses infrastructures énergétiques
Benjamin Netanyahu avait prévenu que l’Iran allait essuyer des représailles sévères aux tirs d’environ 200 missiles iraniens contre Israël mardi.
INTERNATIONAL - Crainte d’une attaque imminente sur des cibles stratégiques. Cinq jours après l’attaque de 200 missiles iraniens sur Israël, le gouvernement de Benjamin Netanyahu n’a toujours pas répliqué mais ne lésine pas sur les déclarations menaçantes. La principale inquiétude de Téhéran est qu’Israël frappe au cœur de ses infrastructures énergétiques, ce qui marquerait un tournant dans le conflit entre les deux pays.
Le ministre de la Défense israélien, Yoav Gallant, a ainsi mis en garde l’Iran, ce dimanche 6 octobre, sur des frappes de représailles similaires à celles menées « à Gaza et Beyrouth ».
De son côté, le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, a prévenu que « pour chaque action [d’Israël], il y aurait une réaction proportionnelle et similaire de l’Iran, et même plus forte ».
Le ministre iranien du Pétrole en visite sur un site énergétique clé
Conscient que les discours israéliens nourris de menaces ne sont pas des paroles en l’air, le ministre iranien du Pétrole, Mohsen Paknejad, s’est rendu ce dimanche sur un site pétrolier clé du pays. Il « est arrivé ce matin sur l’île de Kharg pour visiter les installations de l’industrie pétrolière et rencontrer les employés », a rapporté l’organe du ministère, Shana. Située dans l’ouest du Golfe, l’île de Kharg abrite le plus grand terminal d’exportation de pétrole brut de l’Iran.
Lors de sa visite, le ministre a surtout rencontré le général Mohammad Hossein Bargahi, commandant de la 4e région de la marine des Gardiens de la révolution (armée idéologique de la République islamique), chargée d’assurer la sécurité de la zone. « Cette réunion a eu lieu afin de vérifier la sécurité des plateformes de Pars sud (complexe gazier et pétrolier situé dans la même région, NDLR) et de rendre compte des actions efficaces de la marine des Gardiens à cet égard », a annoncé l’agence officielle, Irna.
Le ministre iranien s’était également rendu samedi dans la ville portuaire d’Assalouyeh, important centre pétrochimique du pays également sur le Golfe, évoquant « un voyage d’affaires normal » selon la télévision d’État.
Joe Biden défavorable à des frappes sur « les champs de pétrole »
Même les États-Unis ne soutiennent pas leur allié historique sur une attaque des infrastructures énergétiques iraniennes. « Si j’étais à leur place, j’envisagerais d’autres options que frapper des champs de pétrole en Iran », a affirmé sur ce point, samedi, le président américain, Joe Biden.
Son prédécesseur Donald Trump, candidat à l’élection présidentielle du 5 novembre, a au contraire affirmé vendredi qu’Israël devrait « frapper » les installations nucléaires iraniennes. Officiellement, l’Iran développe ses capacités nucléaires pour un usage civil, mais elles sont soupçonnées de servir des ambitions militaires et d’être utilisées par Téhéran comme un outil de dissuasion. Ce qui envenime les relations entre l’Iran et Israël depuis des dizaines d’années.
Joe Biden met la pression à Israël pour qu’il ne franchisse pas cette ligne rouge, car les conséquences économiques de la destruction des infrastructures pétrolières iraniennes seraient importantes.
Téhéran pourrait « fermer le détroit d’Ormuz »
En effet, les cours du pétrole se sont déjà envolés au diapason des inquiétudes du marché quant à de possibles frappes israéliennes sur des sites pétroliers clefs. Jeudi, le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre a par exemple gagné 5,03 %, pour clôturer à 77,62 dollars.
L’Iran, l’un des dix plus grands producteurs de pétrole, a produit 3,4 millions de barils par jour en août, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). En cas de dommages sur ses infrastructures, Téhéran pourrait « fermer le détroit d’Ormuz », unique point de passage pour les exportations maritimes de plusieurs producteurs majeurs du Moyen-Orient, estime Bill O’Grady, de Confluence Investment, qui couvre le marché depuis 35 ans.
« Plus que tous les autres événements de ce type que j’ai vu dans ma carrière, je me dis que celui-ci pourrait vraiment faire du vilain », a commenté l’analyste à l’Agence France presse.
Des navires de guerre américains sont stationnés dans la zone et pourraient intervenir, « mais cela n’a jamais été fait auparavant », prévient Bill O’Grady. « Et même si le détroit rouvrait, quel serait son niveau de sécurité ? », s’interroge-t-il.
L’Iran a déjà préparé sa contre-attaque
Fermeture du détroit d’Ormuz ou non, Téhéran a déjà préparé son plan de riposte au cas où Israël mènerait une attaque contre le territoire iranien.
« Le projet de réponse nécessaire face à une éventuelle action des sionistes est tout à fait prêt, et si Israël agit, la contre-attaque iranienne sera mise œuvre », a précisé dimanche l’agence Tasnim, citant une source militaire.
L’Iran « possède une liste de nombreuses cibles israéliennes », et l’opération de mardi a « montré que nous pouvons raser n’importe quel point que nous souhaitons », a ajouté la même source.
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