«L’Intrusa», Camorra cachée

Naples. Passé par le documentaire, Leonardo Di Costanzo construit avec brio le récit du combat d’une assistante sociale aux prises avec la mafia.

«Ecrire sur les méchants, c’est très facile. Essayer de dire que le monde est bon, ce n’est pas très sexy», dit le cinéaste d’origine napolitaine Leonardo Di Costanzo dans une interview cannoise. L’Intrusa n’est pourtant vraiment pas un film qui veut repeindre la grisaille d’une cité défavorisée de la banlieue de Naples aux couleurs d’un feel-good movie prolétarien.

Ayant été formé à l’école du documentaire, le cinéaste a passé beaucoup de temps à recueillir le témoignage de personnes travaillant dans les associations de quartiers afin de construire la situation délicate qui bouscule Giovanna, une éducatrice dans un centre pour gamins et essayant par toutes sortes d’activités de les protéger de la violence mafieuse alentour.

Un drame a eu lieu au début du film, un homme a été tué par erreur dans un règlement de comptes entre caïds de la Camorra. L’épouse du coupable, Maria, réside avec sa petite fille et un nouveau-né dans une bicoque en parpaing à l’intérieur de l’enceinte du centre. Pressée par les parents et le directeur de ne pas la laisser là, Giovanna contrevient à cette demande générale, essayant d’aller au bout d’une logique inclusive, qui consiste à surmonter ses réticences afin de déplier les conflits ou de vider les contentieux de leur valeur paradoxale de dynamique sociale. L’intelligence du film réside dans la description de la réalité comme un champ parcouru de contractions et d’exceptions plausibles aux règles qui l’ordonnent. Leonardo Di Costanzo veut décrire cet héroïsme opiniâtre de quelqu’un à laisser se reconstituer quelque chose qui ressemble à de la confiance et de l’estime de soi dans un monde dominé par une culture de l’humiliation, puisque la mafia ne croit en l’honneur que pour en détruire jusqu’à l’idée même.

La douceur et la fermeté de la mise en scène s’accordent aux qualités spécifiques du (...)

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