L’institution judiciaire est elle aussi confrontée aux violences sexistes et sexuelles selon une étude

Les magistrats sont eux aussi touchés par les violences sexistes et sexuelles au sein de leur profession selon cette note du syndicat de la magistrature.
LUDOVIC MARIN / AFP Les magistrats sont eux aussi touchés par les violences sexistes et sexuelles au sein de leur profession selon cette note du syndicat de la magistrature.

VIOLENCES SEXUELLES - Un climat d’impunité qui concerne toutes les sphères professionnelles. Alors que l’ordre des médecins vient de rendre publique son enquête sur les violences sexistes et sexuelles commises par des médecins, avec des conclusions inquiétantes, l’institution judiciaire est-elle aussi confrontée à ce phénomène, alors qu’elle est chargée de juger les crimes et les délits sexuels. C’est le constat d’une étude réalisée par le Syndicat de la magistrature (SM) et dévoilée ce jeudi 5 décembre.

Violences sexistes et sexuelles : ces fans racontent ce qui a changé pour eux quand leur idole a été mise en cause

D’après la note du SM, sur les 525 personnes interrogées, 48 se sont déclarées victimes de violences sexistes et sexuelles (VSS), soit 9,14 % du total, et 78 se sont déclarées témoins de tels faits, soit 14,8 %. Un certain nombre d’entre elles ont fait état de plusieurs faits : ainsi, au total, 63 séries de faits ont été dénoncées par des personnes se déclarant victimes et 96 par des personnes se déclarant témoins. Sur ces faits, 9 ont été qualifiés de viol ou agressions sexuelles par des victimes et 12 l’ont été par des témoins.

Le syndicat fait état des comportements suivants rapportés par les victimes et les témoins : « des baisers forcés au tribunal, sur le lieu de stage ou dans un ascenseur, un maître de stage touchant la cuisse d’une auditrice, y compris pendant une audience, une personne en coinçant une autre contre un mur dans un couloir, ou encore des caresses non consenties sur les fesses ».

PUBLICITÉ

Le harcèlement, lui, semble être plus commun, tous comme les comportements et propos sexistes. Ainsi, 42,6 % des répondants se sont déclaré témoins et/ou victimes, dans l’institution judiciaire, de propos ou comportements sexistes ou discriminatoires liés à l’orientation sexuelle.

Les femmes surreprésentées parmi les victimes

Alors que la profession s’est largement féminisée depuis 1946, quand les femmes ont pu accéder à la fonction de magistrates, l’étude montre « une surproportion de femmes parmi les victimes de VSS ou désignées comme telles par les témoins et, d’autre part, une surproportion d’hommes désignés comme auteurs de VSS par les victimes et les témoins », précise aussi le rapport.

Sur les 63 faits directement relatés par les victimes déclarées, 52 concernent des femmes victimes, soit 82,5 %, et sur les 36 auteurs désignés dont le sexe a été précisé, 33 sont des hommes, soit 91,6 %. Par ailleurs, plus de 70 % des auteurs désignés avaient un lien hiérarchique ou d’autorité avec la victime déclarée.

Le syndicat affirme aussi que les victimes tendent à ne pas signaler les faits et propose d’améliorer la formation sur ces questions, et en particulier des chefs de cours et de juridictions, de créer des référents dédiés ou encore d’élaborer une procédure interne de signalement.

PUBLICITÉ

À voir également sur Le HuffPost :

Violences sexuelles : les chiffres effarants d’un rapport international de l’Unicef

Pourquoi ce baromètre des violences gynécologiques est important et comment s’en servir ?