Dans l’immensité de la Méditerranée, ce petit crustacé parvient à retrouver le chemin de sa grotte
Dans le monde animal, l’un des sens les plus importants est l’odorat. Une preuve supplémentaire vient d’être apportée par une équipe de biologistes marseillais qui a étudié un petit crustacé marin.
Afin de se repérer dans leurs environnements, les animaux déploient un arsenal impressionnant de techniques. En plus de signaux visuels, les oiseaux migrateurs s'appuient sur des capteurs internes pour diriger leur vol selon les lignes du champ magnétique terrestre, certaines fourmis nocturnes s'orientent grâce à la polarisation de la lumière de la lune, et quantité d'animaux, des grenouilles aux phoques, sauraient se guider en interprétant un ciel étoilé.
L'odorat n'est pas en reste. De fait, le chimiotactisme, le fait de se diriger selon un gradient chimique de concentration croissante, est l'un des plus répandus. Pour un animal, l'environnement se résume d'ailleurs le plus souvent à un paysage chimique constitué d'une mosaïque de molécules qui structurent et conditionnent ses mouvements et ses comportements.
Un crustacé qui ne chasse qu'au crépuscule
Mais, si pour les animaux terrestres, la médiation olfactive est avérée par de très nombreuses études, la pollinisation chez les abeilles étant l'un des exemples les plus connus, c'est moins le cas pour les espèces marines. "C'est vraiment le point de départ de notre étude : quel rôle joue la médiation chimique dans le fonctionnement des écosystèmes et tout spécifiquement dans le milieu maritime ? expliquent Thierry Perez, directeur de recherches à la station marine d'Endoume (CNRS, Marseille) et Marie Derrien, première autrice de l'étude qui vient de paraître dans la revue Frontiers in Marine Science. Partant de là, il fallait développer des outils et trouver un modèle d'étude qui permette d'étudier cette question simplement."
En l'occurrence, le modèle choisi est un petit crustacé de 5 mm de long, Hemimysis margalefi, qui vit notamment dans des grottes sous-marines dans les Calanques de Marseille au sein d'essaims denses de millions d'individus. Lorsque vient le crépuscule, le minuscule crustacé sort de sa grotte et parcourt plusieurs centaines de mètres pour aller se nourrir d'algues et de zooplanctons. Il ne reto[...]