L’iceberg le plus gros du monde tourne en rond dans l’océan Antarctique, voici pourquoi

Le plus grand iceberg du monde, nommé A23a, fait du sur place dans l’Antarctique.
Rob Suisted - http://naturespic. / Rob Suisted via REUTERS Le plus grand iceberg du monde, nommé A23a, fait du sur place dans l’Antarctique.

ENVIRONNEMENT - Une stratégie pour ne pas mourir. Le plus grand iceberg du monde, baptisé du nom barbare d’A23a par les scientifiques qui l’observent, lourd de milliards de tonnes et d’une superficie équivalent à pratiquement 40 fois Paris, tourne en rond depuis le début du mois d’avril au beau milieu de l’océan Antarctique.

Et ce du fait d’un phénomène que les océanographes appellent « colonne de Taylor », expliquait le 3 août la BBC, l’audiovisuel britannique. Concrètement, il s’agit d’un type de vortex qui se matérialise lorsque des courants marins rencontrent un obstacle solide, générant alors des masses d’eau en rotation. Dans le cas de l’A23a, ces « colonnes » d’eau permettent de maintenir l’iceberg dans son axe de rotation, et donc de le faire tourner sur lui-même.

Un déclin ralenti

Ce phénomène permet surtout à l’A23a de ne pas disparaître et de connaître une longévité impressionnante. L’iceberg s’est détaché de la côte antarctique en 1986, mais s’est presque immédiatement retrouvé coincé au fond de la mer de Weddell. Pendant 30 ans, il est resté statique, puis, en 2020, il a commencé à dériver vers des océans plus chauds. En avril 2024, il atteint le courant circumpolaire antarctique, faisant craindre une dérivation plus importante. Mais la « colonne de Taylor » l’a maintenu sur place.

Actuellement au nord des îles Orcades du Sud, il tourne d’environ 15 degrés par jour, dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Un processus qui permet de retarder son déclin.

« D’habitude, on pense que les icebergs sont des choses éphémères ; ils se fragmentent et fondent. Mais pas celui-ci », observe le professeur Mark Brandon, expert en sciences polaires, auprès du média britannique. « A23a est un iceberg qui refuse de mourir », a ajouté le chercheur de l’Open University.

Si les chercheurs ignorent combien de temps l’iceberg peut encore continuer à faire du sur place. Une expérience scientifique, dont les résultats ont été publiés en 2015, montre que le phénomène pourrait durer encore des années. Sur X, l’un des auteurs de cette étude, Mike Meredith, chercheur au sein du British Antarctic Survey, qui étudie à l’année cette zone du globe, explique qu’après avoir placé une bouée au-dessus d’une colonne de Taylor, l’objet n’avait pas quitté l’endroit pendant quatre ans.

La formation des icebergs est un phénomène naturel, fortement accéléré par le dérèglement climatique dont sont responsables les activités humaines. En Antarctique, l’air et les eaux se sont réchauffés encore plus rapidement que sur le reste de la planète. Le continent de glace vit actuellement une vague de chaleur avec des températures supérieures à 30 degrés au-dessus des normales de saison.

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