L’Himalaya à moto : les “routes de l’impossible” – partie 2
Nos pérégrinations à pied et à moto dans la vallée de Sham se poursuivent. De Teya, nous rejoignons des villages du bout du monde, comme celui de Skur Buchan, où vivent environ 300 familles. Tout le monde est dehors, jeunes comme vieux, en pleine scène de battage et moisson de l’orge. Nous lançons des “Julley, julley !” (“bonjour” en Ladakhi) enthousiastes aux villageois affairés. Les mamies sont les plus belles, parés de leurs colliers en corail et turquoise, de leurs longues tresses et vêtues de leurs habits traditionnels.
Dans cet écosystème étonnant, si aride et pourtant si fertile, surgit le charmant village fruitier de Leido, où l’on trouve de tout, poires, pommes, abricots, prunes et même du raisin. En reprenant la route principale, ce sont d’autres travailleurs que nous croisons, dans une réalité tout autre. Venus d’autres régions indiennes, ils passent quelques semaines par an pendant l’été sur les chantiers colossaux pour participer au projet fou de tailler des routes dans la montagne entre les hauts cols d’altitude. Et même si la rudesse de cette vie marque leur visage, c’est avec de chaleureux sourires qu’ils nous saluent. Sur l’autoroute qui mène au Cachemire, on se retrouve dans le trafic et les fumées de pot d’échappement de centaines de camions militaires qui vont et viennent pour marquer leur territoire et leur présence. L’armée indienne annonce la couleur : courage et fortitude !
Dans cette région, on a une approche pragmatique de la vie. Des écrits de sagesse sont inscrits à même la roche ou sur les bornes de signalisation jaune vif de la Border Roads Organisation (BRO, l’agence publique chargée des réseaux routiers indiens dans les zones frontalières). “Darling, I like you but not so fast” (Chéri, je t’aime bien, mais pas si vite), “Hurry makes worry” (Pressé égale embêté) et (mon préféré) “Be gentle on my curves” (Sois doux avec mes courbes). Assez étonnamment, ces maximes semblent faire de l’effet. On a l’impression de glisser en toute sérénité sur ces “routes de l’impossible”.
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