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«L’Héroïque Lande», désarroi de la Jungle

Pour leur docu, Elisabeth Perceval et Nicolas Klotz ont effectué une plongée enivrante et triste dans le camp de réfugiés de Calais à l’hiver 2016.

«Nous demandons solennellement au gouvernement un large plan d’urgence pour sortir la Jungle de Calais de l’indignité dans laquelle elle se trouve.» Nous sommes le 20 octobre 2015, Libération publie «L’appel de Calais» signé par 800 personnes (artistes, intellectuels, journalistes, etc.) réclamant du gouvernement sous président Hollande qu’il cesse de se défausser sur les associations et les bonnes volontés de militants, livrant les migrants à une situation d’incertitude et de désarroi total. Cet appel issu d’une mobilisation du milieu du cinéma a été accompagné d’une volonté de quelques cinéastes de se rendre à Calais pour filmer la «Jungle», cette ville de fortune née dans la boue au fond de l’impasse géographique d’un parcours tendu vers le franchissement de la Manche pour le havre hypothétique de l’Angleterre.

Le duo Nicolas Klotz et Elisabeth Perceval s’est porté volontaire mais, les valises faites pour un voyage de quelques jours, ils sont finalement restés plusieurs mois, à la fois fascinés et consternés par le hiatus énorme qui existait entre la représentation médiatique de cette crise humanitaire, relayée par les journaux et les télévisions, et l’impression de vie intense qu’ils découvraient au gré des déambulations dans les rues venteuses de la zone où les migrants avaient construit cabanes, abris, magasins et lieux de réunion dans une sorte de Far West séminal.

Limbes. Klotz faisant l’image avec une petite caméra numérique, Perceval le son, ils se sont retrouvés à monter au final quelque 200 heures de rushs. A la manière du tournis immersif d’un Wang Bing, il ne leur fallait pas moins de trois heures quarante-cinq pour témoigner de ce temps suspendu dans l’attente d’un ailleurs qui toujours se dérobe - au mieux, qui ne veut pas s’offrir. C’est un film sur les limbes si l’on veut bien admettre que pour y parvenir (...)

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