De l’expéricence totalitaire à la guerre d’Algérie, la vie lucide de Germaine Tillion

Germaine Tillion en novembre 2000.

Les grands choix improvisés sont ceux qu’on prépare de longue main. Pour cette raison, Germaine Tillion ne s’est jamais trompée. Dans le drame, quand tant d’autres se fourvoyaient ou désertaient, elle a pris les justes décisions, celles qui engagent une vie droite.

Trois expériences de jeunesse ont fait de Germaine Tillion ce qu’elle est devenue. Parmi les premières femmes bachelières de France, cette fille de la bourgeoisie catholique entre dans les années 20 à l’université. C’est là qu’elle rencontre Marcel Mauss, l’un des fondateurs de l’ethnologie française, intellectuel de haut vol, socialiste, ami de Jaurès. Ses études la mènent en Prusse en 1933, où elle observe de près la prise du pouvoir par les nazis. Sa première mission d’ethnologue la conduit dans les Aurès pour étudier les Berbères chaouis. La formation était bonne…

En 1940, en plein exode, elle entend le discours de Pétain. Elle est républicaine, progressiste, elle a vu le nazisme à l’œuvre : elle réagit par un «non» catégorique. Revenue à Paris, elle cherche d’autres réfractaires. C’est ainsi qu’elle rejoint ce petit groupe d’intellectuels - vite arrêtés par la Gestapo - qu’on a appelé le réseau du musée de l’Homme. Elle échappe par miracle aux arrestations et s’engage toujours plus intensément dans la Résistance. Elle rejoint le réseau Combat de la zone Nord. Mais un agent de l’Abwehr, prêtre à La Varenne, a infiltré le groupe. Le 13 août 1942, Germaine Tillion est arrêtée gare de Lyon.

Révélation. Elle est interrogée, emprisonnée pendant un an à Fresnes, puis déportée en Allemagne dans la catégorie «NN», Nacht und Nebel, Nuit et Brouillard. C’est alors l’expérience des camps. «Verfugbar» (sans affectation précise), elle échappe à la mort grâce à la solidarité des prisonnières de Ravensbrück. L’une d’elles s’appelle Margarete Buber-Neumann. Rencontre tout aussi essentielle que celle de Marcel Mauss : la jeune femme est une militante communiste allemande de la première heure, réfugiée en URSS puis (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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