L’“exode silencieux” de Français d’origine africaine vers le continent de leurs ancêtres

À Dakar (Sénégal), le 29 octobre 2024.

Alors que des milliers de Sénégalais ont bravé les tumultes de l’océan à bord de frêles embarcations depuis le début de l’année, dans l’espoir de gagner les côtes européennes, des Français d’origine sénégalaise choisissent quant à eux de faire le chemin inverse.

Une émigration légale, dans leur cas, et discrète, qualifiée d’“exode silencieux” par BBC Africa Eye, la cellule d’enquête du service international de la radiotélévision publique britannique.

Une équipe de trois journalistes s’est penchée sur les trajectoires de ces individus “nés en France, mais à la recherche d’un avenir en Afrique”.

À l’instar de Menka Gomis, Parisien de 39 ans qui a créé une agence de voyages pour favoriser cette émigration, avec deux bureaux, un en France et un au Sénégal. Il souligne le racisme qui s’accroît en France ainsi qu’“un mélange de responsabilité à l’égard de la patrie de ses parents et d’opportunités”.

“Tout à construire”

“L’Afrique est comme les Amériques à l’époque de la ruée vers l’or. Je pense que c’est le continent de l’avenir. C’est là qu’il y a tout à construire, tout à développer”, estime-t-il.

Les témoignages recueillis dénoncent de façon redondante la droitisation de la société française, les discriminations et le durcissement à l’égard de l’immigration, légale comme illégale. “Les crimes racistes ont augmenté d’un tiers l’année dernière, avec plus de 15 000 incidents enregistrés basés sur la race, la religion ou l’ethnicité”, ajoute BBC Africa Eye.

Fanta Guirassy, 34 ans, infirmière libérale en région parisienne et candidate à l’émigration, dit se sentir “de moins en moins en sécurité en France”. Notamment depuis que son fils, âgé de 15 ans, “a été arrêté et fouillé par la police alors qu’il discutait avec ses amis dans la rue”.

Audrey Monzemba, institutrice d’origine congolaise, musulmane pratiquante, est lassée d’ôter son voile en arrivant sur son lieu de travail, et souhaiterait “[s’]épanouir dans un environnement qui respecte [sa] foi et [ses] valeurs”.

L’atterrissage sur le continent africain n’est pas forcément aisé, documente l’enquête, mais ne décourage pas pour autant ces individus, souvent diplômés, de quitter la France.

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