L’espiègle qui venait du froid

Olga Kurylenko Volontaire et vivace, l’actrice, née en Ukraine à la fin de l’URSS, raconte dans un français turbulent une ascension fougueuse.

Devant le photographe au crâne rasé de frais, l’ex-mannequin ukrainien reprend la pose. Olga Kurylenko, 39 ans, convoque un savoir physique jamais oublié malgré dix ans de cinéma et une trentaine de films internationaux. Elle retrouve ses manières de modèle qui, de 16 à 30 ans, fit usage de son corps-support pour promouvoir des crèmes ou de la lingerie. Elle était réputée trop «petite» (1,75 m), «pas assez filiforme» (55 kilos), et avait un «visage trop classique, pas assez étrange» pour jouer les portemanteaux dans l’univers famélique de la mode. Elle s’amuse encore, en soupesant sa poitrine minimale, qu’on ait pu songer à la programmer en diva à avantages en nature.

Face à l’objectif, elle redevient la ballerine tôt blessée qui ne put suivre la voie tracée par ses parents. Elle a des attitudes chorégraphiées et un désir de perfection qui lui suture la volonté. Celle qui se dit «jamais contente», et convient dans un argot distingué «que c’est très con», est une laborieuse heureuse de triompher à l’arraché.

Dans une pénombre où grésille un néon, elle rigidifie son dos, telle une Frida Kahlo à colonne vertébrale soudée en mitrailleuse. Elle prétend que «si on se tient droite, c’est pour cacher sa vulnérabilité». On parierait plutôt pour une énergie mise sous tension, une concentration de compétition tenue bride serrée, et une fragilité aux abonnés absents. Elle laisse bourdonner alentour coiffeuse et maquilleuse. Sans se laisser distraire, elle se prête à la demande de sérieux retardateur, sinon de tristesse à fixateur. Elle y met une application impressionnante. Ne surtout pas s’y fier car on découvrira vite qu’elle est tout l’inverse d’une silencieuse sinistrée. Elle est d’une volubilité heureuse, d’un enthousiasme qui fait des moulinets, d’une sincérité exaltée et romanesque. Elle parle, parle, parle, sans frein et sans (...)

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