L’EPR de Flamanville prend encore du retard, mais EDF a une bonne nouvelle
EDF a annoncé qu’il faudrait attendre trois mois supplémentaires pour voir son nouveau réacteur alimenter le réseau électrique.
ÉNERGIE - Encore des « aléas » mais une bonne nouvelle. Après déjà 12 ans d’attente, EDF a annoncé lundi 2 septembre un nouveau retard de 3 mois dans la mise en service de son réacteur EPR de Flamanville. La connexion au réseau électrique est désormais prévue d’ici « la fin de l’automne », alors qu’il tablait jusqu’ici sur la fin de l’été, le 21 septembre au plus tard.
Mais quelques heures plus tard, dans la nuit de lundi à mardi, l’énergéticien a toutefois annoncé une bonne nouvelle : le processus menant à la première réaction en chaîne de fission nucléaire a commencé.
« La phase de divergence a commencé. Cette opération va faire battre le cœur du réacteur pour la première fois », a annoncé EDF dans une vidéo publiée sur X, précisant que « la divergence initie la réaction en chaîne de fission nucléaire ».
A la suite de la délivrance de l’autorisation de divergence de l’EPR de Flamanville par l’Autorité de sûreté nucléaire (@ASN), les équipes d’EDF se préparent à faire battre le cœur du réacteur pour la 1ère fois 💗 ⤵️@EDFEPR #Nucléaire #DLDNov
— EDF (@EDFofficiel) September 2, 2024
Feu vert de l’ASN
En fin d’après-midi lundi, l’énergéticien avait annoncé avoir reçu le feu vert de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) pour lancer la production des premiers électrons de l’EPR.
Mais le « couplage », soit les opérations de raccordement au réseau qui permettront aux foyers français de bénéficier de l’énergie du réacteur le plus puissant (1,600 MW), le 57e du parc, devra encore attendre.
« Un programme d’essais permettant d’atteindre un niveau de puissance de 25 % sera mis en œuvre », palier lors duquel l’EPR « sera connecté au réseau électrique national pour la première fois et produira alors de l’électricité », une échéance « prévue d’ici la fin de l’automne 2024 », a précisé le groupe dans un communiqué. Quant à la pleine puissance, annoncée jusqu’alors d’ici la fin de l’année, il faudra compter « plusieurs mois ».
Si EDF a tout de même obtenu le « go » de l’ASN pour lancer les opérations et franchir une nouvelle étape cruciale, il s’agit d’un énième déboire pour un chantier qui accuse déjà 12 ans de retard sur le calendrier initial, pour ce nouveau réacteur à eau pressurisée, le 4e de ce type installé dans le monde.
Production nucléaire en hausse
Outre l’autorisation de l’ASN, l’autre bonne nouvelle est venue du parc existant : EDF a sensiblement révisé à la hausse son estimation de production nucléaire pour l’année 2024, désormais comprise entre 340 et 360 TWh, contre une fourchette de 315 à 345 TWh prévue initialement, une augmentation n’incluant pas l’EPR de Flamanville.
« Les 56 autres réacteurs performent mieux que ce qu’on avait intégré », a déclaré Régis Clément, directeur adjoint de la division production nucléaire du groupe français, si bien que la production de « l’EPR arrivera en supplément ».
« Le dossier corrosion a été moins sensible que prévu », a-t-il ajouté. « Cette révision de l’estimation de production nucléaire pour 2024 s’appuie sur l’amélioration de la performance des arrêts de tranche, la maîtrise industrielle des contrôles et des chantiers de réparations liés au dossier de la corrosion sous contrainte, et l’absence d’aléa climatique majeur pendant l’été », selon le communiqué d’EDF.
Les nombreux déboires qui ont affecté le chantier de l’EPR (fissures dans le béton de la dalle, anomalies dans l’acier de la cuve, et défauts de soudure sur les traversées de l’enceinte de confinement) ont fait exploser la facture, désormais estimée à 13,2 milliards d’euros par EDF, soit quatre fois le devis initial de 3,3 milliards. En 2020, la Cour des comptes l’avait évaluée à 19 milliards, en comptant notamment les « surcoûts de financement ».
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